la dernière éolienne Bollée fabriquée en 1932 aux ateliers de Paimboeuf (suite)

C'est pas souvent qu'une vis me résiste... Aussi pour en finir je décide de percer franchement et de tarauder sur l'ancien filetage.

on passe à la réfection des vis.
Elle ne sont pas standard, ou alors c'est un standard vraiment ancien. Bref il m'en manque une et je n'ai pas de filière pour du 12 au pas de 1.5
Après avoir cherché dans mon maigre stock de vis, je ne trouve qu'un bout qui est long assez, mais pas pour son filetage.
Du coup je m'en vais continuer ce filetage au tour.


Et après il faut encore créer la tête.
J'ai une technique pour ça. J'appelle ça une "coulée baguette" ... en gros on serre dans l'étau jusqu'à ou il faut et on recharge par le haut avec une bonne intensité. Le métal s'échauffe vite et se met à couler jusqu'à l'étau qui le refroidi. La difficulté c'est de contrôler la couler pour pas que ça se barre d'un côté ou de l'autre et que ça finisse en flaque par terre. Avec un peu de pratique ça fini par faire ça:

Et quand c'est bien rouge je fonce sur la firminy et je forge le truc pour faire ça:


On passe la chose sur le tour, et il ne reste plus qu'à se taper le six pans à la meuleuse.

Une fois ça de fait, je passe au nettoyage du piétement, c'est un peu fastidieux car les deux pièces en fonte ont pas mal de nervures dans des espaces ou la meuleuse ne passe pas, donc ça fini à la lime électrique et au couteau...

On avance, et on passe au rechargement du palier coté volant.

Je commence par là ou il y a le plus d'usure, avec un petit cordon de ferro-nickel.
Et zou, le temps que ça refroidisse je retourne au remontage de mes pales d'éolienne

ce qui va plus lentement qu'espéré, puisque il faut nettoyer 10 boulons de 10mm pour chaque pale, puis faire le montage. Enfin ça avance, on voilé la moitié de fait environ.

montage d'une pale:


J'alterne les chantiers pour ne pas me lasser du nettoyage de la visserie
ici je nettoie le guide frein de la pompe et je débouche les deux petits trou d'écoulement de l'eau de pluie.

ici , je me lance dans un nouveau cordon sur le palier.

Le rechargement terminé, on va pouvoir définir le diamètre et sortir les limes !
Je débute par un dégrossissage à la meuleuse histoire de ne pas limer tout le week-end...
Une fois que j'approche du bon diamètre, je chope une douille facom proche de ce que je veux obtenir. ici celle là fait 28.8 pour du 29mm



Cette douille va bien sur me servir de calibre pour le limage. Mais pas que...
Et c'est là que je vous présente ma technique d'alésage à la lime dite du "Napoléon"...   (oui, c'est à cause du chapeau...   )



voila donc ce qu'il me faut limer, et il me restera 0.2mm à gérer après cette étape;

Je commence avec ma grosse lime queue de rat pour ébaucher...

Et quand la chose avance, je passe sur ma queue d'aronde.

ça descend, et arrive le moment ou j’arrête de limer.

et pour finir je rode la chose avec du ciment et un peu d'eau que je balance dans le trou de graissage en faisant tourner la douille avec ma visseuse et en serrant progressivement les deux boulons du palier.


Une fois les deux boulons serré à fond, le jeu c'est justement que la douille tourne sans jeu (ou presque... on reste rural, ne l'oublions pas ! )

pour varier encore les plaisirs... on passe à création d'une poignée pour cette pompe
Je bondi sur mon tas de ferraille et j'en extirpe un truc en 16mm. ça m’étonnerait pas que ce soit des anciens piquets des tentes du pardon de Saint Anne la Palud ce truc.  
C'est un peu mal à l'aise donc que je me prépare à saccager cette pièce forgée, mais comme je n'ai rien d'autre et que je n'ai pas de tente à planter...  
L’âme de l'ancienne poignée était sans doute en 14, mais je n'ai pas de forets de 14... j'ai que du 13 ou du 16mm.


Une fois coupé, je soude le bout sur le moignon qui me reste.

On peut passer à la partie bois après avoir trouvé la matière première dans un ancien manche d'outil inconnu et perdu...
J'ai attrapé ce bout car il a l'air d'être en bois dur et qu'il n'a pas de trou de vers.

Je lui ponctionne la longueur nécessaire que je passe au tour, d'abords pour le perçage que je dois faire en deux fois par chaque bout. Puis par une mise au diamètre et ponçage.
Je pense que jaune comme ça c'est de l'acacia... ou du vieux châtaigner, ce qui me semble plus probable.


On fini par un petit taraudage pour bloquer tout ça mais en restant démontable et voila le travail:
Une belle poignée toute neuve !



C'est tout pour aujourd'hui,
A bientôt et bonne soirée.

Bonjour Yannouch29
Je suis l'évolution de cette éolienne depuis déjà un peu, c'est presque un roman, mais ce n'est pas une petite.
et la pompe à chapelet que je connais bien pour avoir vendu des chaine et godets, il n'en reste encore quelques uns
Pour l'extraction, recharger avec une baguette à l'arc, faire un monticule et avec la pince étaux ça devrais sortir.
Cordialement Claude du 52

Bonjour
Je ne connaissais pas la technique du rodage avec du ciment !!!!
toujours aussi passionnant !!!

a+
JP

Bonjour,

Je ne connaissais pas non plus la technique de l'ajustage au ciment!
La douille entourée de papier ponce ou de cendre, là je connais; jamais utilisé non plus la fabrication de tête de vis de cette façon-là!

Oui! toujours passionnant!  
JJR24

Bonsoir,

Merci beaucoup Maître Yanouch.
et encore Bravo !!!  comme d'hab.
j'ai encore appris.

Bonsoir à tous,
Merci pour vos commentaires,

@ Claude,
je me permets un petit MP pour les godets de la pompe... effectivement j'en ai besoin et ça m'éviterait de devoir créer une fonderie juste pour ça. J'ai aussi besoin de conseils sur la fixation du tube (cuivre ?), les joints des godets, diamètre de la chaine, profondeur maxi...

@ JP et JJR, le ciment ne ponce presque rien et je l'utilise juste plutôt pour améliorer l'état de surface, si vous avez besoin d'un truc plus abrasif c'est évidemment du sable fin qu'il faut employer ou du corindon...

@ Messire Guy !
Votre retour sur cette page me fait honneur ! Et comme la turbine bollée se termine on va pouvoir bientôt causer vapeur !

La petite news du jour:
J'ai relachée la corde qui bloquait le rotor pour pouvoir bosser et j'ai oublié de la remettre. Il ne me reste que 5 pales à remonter au moment où j'écris ces lignes ce qui fait que le rotor est déja très mobile..
Et vous savez quoi ? En allant fermer le poulailler, j'ai vu mon éolienne commencer à presque tourner toute seule car il y a quelques bourrasques ce soir et comme le hangar n'est pas fermé, la belle à pris le vent !

Bonsoir yanouch29
Pour fixer le tube cuivre à l'auget il faut un collet battu soit le faire directement sur le cuivre ou souder un raccord que l'ont trouve en quincaillerie et une bride à 2-3 trous pour tenir le tout.  
Le tube de montée d'eau doit être vertical sans coude, et doit avoir un entonnoir en bas pour guider les godets.
La chaine ne doit pas trainer au fond du puits.
L'entonnoir doit être au plus bas à 50cm du fond
Pour mesurer la longueur il me faut;
La profondeur; du sol au fond du puits,
Et la longueur de la chaine hors sol facilement mesurable (de sol à sol en passant par la roue d'entrainement).
Pour le nombre de godets il doit y avoir 3 godets entre l'entonnoir et le niveau d'eau à son plus fort étiage (eau basse). Le résultat de cette distance divisée par deux doit être compris entre 0,70m et 1,20m.
Je n'ai pas schéma à vous proposer.
Plus il y a de godets (ou obturateurs) au mètre meilleur est le rendement.
Cordialement Claude52

Bonsoir Claude,
Merci pour ces infos.
Je vais prendre les cotes et je reviens vers vous sur la messagerie du forum.
cordialement

Bonsoir à tous,

C'est ce soir que l'on se termine le rotor et que l'on fait les premiers tests.
Pour cela je finis d'installer les dernières pales avec les derniers boulons de 10mm de disponible. J'en avais acheté un paquet en plus de ceux récupérés mais j'avais oublier ceux pour fixer les portes pales sur le moyeux... Bref en faisant les fonds de tiroirs j'arrive à finir (en vrai il m'en manque 4 ! sur les 814 installés... ça va pas l’empêcher de tourner !   )

Voila donc sous vos yeux ébahis la renaissance de la dernière grande turbine Bollée fabriqué en France en 1934,

Excepté sa transmission elle est maintenant complète et fonctionnelle  !



Pour faire les premiers tests il faut dévoiler le rotor pour lui permettre de tourner librement. Là comme il est la jante touche à plusieurs endroits le stator.
Donc je monte à l'echelle et je règle les longueurs des rayons comme on pourrait le faire avec une jante de vélo ! Sauf que là c'est encore plus facile puisqu'il n'y a que 8 rayons.

Je choisis un point fixe au pied de la colonne et l'épaisseur d'une planche de coffrage comme jeu de départ.

Une fois le premier rayon de réglé, je bloque à la main les contre écrous et je passe au suivant

Et n'y tenant plus après presque une année passée  depuis l'arrivée de ce qui n'était plus qu'un tas de rouille... une épave..., me dévorant peut être la bagatelle de 4 mois de travail à temps plein pour renaitre... (il y a moult que j'ai perdu le compte d'heures passées sur cette admirable rouillasse)... m'ayant gondolé ma carte bleue plus que de raison (on vient de passer les 10 000 euros de budget avec la peinture).

Je jette les clefs, laisse tomber les pinces blocs, balance cordes et marteaux...  

Oubliant qu'il n'y a rien de serré... Adieu veaux, vaches, cochons poulets...  

Alors enfin, j'attrape mon appareil photo d'une main et un rayon de l'autre... et je lance la machine !
https://youtu.be/YduQCB4S7E4

Bonsoir et un grand bravo à toi pour cette restauration hors norme !

Bonsoir Didier.
Merci pour ton commentaire et de suivre cette folie...

Un grand grand bravo pour ce travail magnifique un complètement fou.

Bravoooo Yanouch on en veut encore

MAGNIFIQUE ! ! !
Je reste sans voix....

Bonjour Yanouch29 ,BRAVO pour nous faire partager tes émotions après un tel labeur !!! le reste va te paraitre plus facile ,même s'il y a encore à faire !!!

Bonjour à tous, bonjour Yanouch,

Moi aussi je te dis un grand bravo pour ton travail et aussi pour cette belle aventure que tu nous propose de suivre ici. Je n'en rate pas un seul épisode. .

A plus.