Ma passion : tout sur les mines de charbon et les mineurs (4ème partie)

Oui, tu as raison JJR, il faut vraiment être marteau !  

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Locotracteur Campagne autrefois utilisé sur voie de 600 par la briquèterie des Touillards à Ciry-le-Noble (71) et conservé dans son éco-musée géré par le C.F. des Combes du Creusot.


Malheureusement, aucune info n'a été trouvée à propos de son moteur. D'ailleurs, celui-ci ne semble plus être sous son capot...

Voulant savoir ce qu'il y avait d'exposé juste devant ce loco, voici ce que j'ai fini par découvrir.


Un engin bizarre pouvant être aussi un loco mais dont j'ignore tout, même si je crois avoir déjà vu ça quelque part...

Et puis ce tracteur rail-route dont JP ou un autre devrait en dire plus ici, même si ce n'est pas l'endroit approprié.


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Bonjour,

Les briquèteries étaient souvent équipées de locos? Ça me rappelle quelques souvenirs d'une fabrique pas loin de chez moi?
Électrique l'engin bizarre ?
JJR24

Salut JJR (fidèle d'entre les fidèles...).  

La réponse est "bien sûr", sinon comment transporter l'argile jusqu'à son stockage puis à l'atelier de préparation puis à celui de mise en forme puis aux fours et enfin au lieu de séchage/entreposage ?

Les voies étaient de 500 ou 600 et parfois il y avait plusieurs locos. La Briquèterie Chimot à Marly disposait de ces deux écartements.
Cela valait aussi pour les tuileries qui étaient nombreuses dans ce qui constitue aujourd'hui les Hauts-de-France (quel titre pompeux !).

De tous les locos utilisés en carrières, je n'ai retrouvé qu'un seul Berry, le 3655 qui balade les visiteurs du Fort de Villey-le-Sec (54) et qui provenait de la carrière de gypse de Sidélor à St-Germain-s/Meuse (54) devenue ensuite propriété de Solvay. Equipé du moteur Piquand PT4 de 50 ch en version "surface", il était alors en voie de 635.

Récupéré au début des années 80 par l'association qui avait et a toujours en charge le devenir et le souvenir de ce fort construit à la fin du 19e siècle, il fut une première fois restauré et ramené à l'écartement de 600 qui était la voie militaire par excellence.

En 2006, fatigué par au moins 50 années de travail, son moteur Piquand PT4 de 50 ch en version "surface" fut remplacé par un Deutz F4L à air et son châssis fut modifié pour donner à l'ensemble un aspect un peu plus festif.

En 2013, j'apprends qu'il est envisagé pour la machine des travaux, dont une propulsion hydrostatique et un train complet d'essieux !
J'arrive à convaincre le président que le Deutz est loin d'être usé et que je sais où il existe des essieux conservés depuis 30 ans.

Non seulement il récupérera ces essieux mais il repartira aussi avec une boîte de vitesses et des sabots de freins.
La restauration commencera fin 2014 et il sera remis en service en mai 2015 afin d’assurer la saison qui démarre.

Et depuis ce Berry continue de circuler et c’est probablement le plus remarqué sur le web comme sur des rails.

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Ci-dessous extrait de la Revue Voie Etroite n° 270-9

pierre1942 a écrit:......................

Et puis ce tracteur rail-route dont JP ou un autre devrait en dire plus ici, même si ce n'est pas l'endroit approprié.


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Puisque le maître des lieux m'y invite, je préciserai que cet engin est un LATIL rail-route
en voici un autre (le haut de la cabine est légèrement différent)

Merci JP. Je n'en attendais pas moins de toi.

J'en profite pour dire que le Berry 3655 ci-dessus n'avait pas son moteur Piquand équipé pour la surface sinon il se serait appelé 3555.

En réalité, c'était bien un 3655, le 6 en seconde position déterminant un matériel pour carrières et donc protégé contre les poussières.

 Qui qu'a dit que je m'avais gourré ?  

PO

Bonjour,

Moi, je n'ai rien dit! ente le chiffre

5

et le

6

, il y a juste une barre de différence!
JJR24

Une bonne nouvelle dans ce monde où, aux dires de certains, il ne fera bientôt plus bon vivre sauf sur une île déserte avec tout le confort.

Le Berry C 3635 K2 n° 758 (paraît-il) issu des mines d'uranium de la Cogema et qui croupissait au circuit touristique des Combes près du Creusot (71), a été récupéré par l'AMT Pithiviers (45) pour être (autre paraît-il) restauré et reprendre du service sur sa voie de 600.

- 1er paraît-il : quand j'ai vu ce loco en 2013, le n° 758 était peint sur son bac de lavage arrière et le n° 759 sur son capot avant...
- 2ème paraît-il : tant que je ne le verrai pas remis en état, et surtout pas transfiguré comme ses frères, j'aurai toujours des doutes.

Voici ce qu'il en est de cette machine, ce qu'on a réussi à faire d'une autre, et ce que sont devenues deux qui sont aussi aux Combes.

C 3635 K2 n° 758 ou 759 stocké au C.F. des Combes - moteur Baudouin DK2 de 30 ch avec protection antipoussières

C 3635 K2 - numéroté 758 sur son bac de lavage

C 3635 K2 - numéroté 759 sur son capot

Il faisait trop sombre pour arriver à lire la plaque de construction à l'intérieur de la cabine, mais je suis certain qu'il s'agit du 758 car, si le capot se retire en quelques minutes, il faut du temps pour déconnecter le bac de lavage des gaz et un palan pour le soulever du châssis.

C 3635 K2 n° 758 à son arrivée à l'AMT Pithiviers

C 3635 K2 n° 756 restauré il y a une dizaine d'années par l'équipe du Musée de Noyant d'Allier (01)


C 3635 K2 n° 753 et 754 transformés par le C.F. des Combes (71) Erreur de ma part : 755 et 757

Quant au n° 759, c'est forcément celui sans moteur ni capot ni plaque de série que détient le Musée de Noyant.

Bon sang, mais bien sûr ! Ce ne peut être que celui de droite, ce qui complète la série de 8 de la 1ère fabrication...

Le 2ème fabrication en comportait 4 numérotés autour du 818 qui est à gauche sur la photo ci-dessus et dont les grilles de phares sont à angles droit au lieu d'être ronds.

Malgré l'absence de plaque, cet autre de Noyant fait également partie de la seconde série (voir grilles de phares).

Avec les deux C 3635 K2 n° 753 et 754 de l'APEMVE, ce sont 10 locos sur 12 qui ont été retrouvés et classifiés.

Si après ça je ne mérite pas d'aller me coucher, je n'ai plus qu'à attendre le jour pour aller chasser les papillons !

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Bonjour,

Repos nocturne bien mérité Pierre!
JJR24

T'es déjà d'bout à 6 h du mat', tizautes ? Te vas à l'pêch' ou quoi ?  

Ah ouais, l'allaus incore oublier queqchos' et j'in parle ichi pindint qu'j'y pinse...

Le moteur qui manque au Berry n° 759 de Noyant (dont le capot est sur le loco n° 758 récupéré par Pithiviers) est tout près d'Issoire.
Je l'ai retrouvé l'année dernière sur un établi où il paraissait en bon état (tournant paraît-il).

Autre exemple de trafico-bidouillage de matériel ancien, mais avec toutefois la sagesse d'en préserver un restauré à l'identique.  :046

C 3635 K2 n° 753 restauré et modifié à l'APEMVE près du Mans (72)

C 3635 K2 n° 754  restauré à l'origine également à l'APEVME

Voilà 65 ans que ça roule et ça peut durer encore longtemps si on ne leur interdit pas d'utiliser de l'énergie faux cils.

à + / PO

Outre l'erreur que j'ai signalée un peu plus haut, le seul C 3635 K2 non mentionné ici est celui du milieu de la photo qui en montre 3.

Il s'agit du n° 760 détenu à Noyant d'Allier et restauré il y a peu pour exposition en monument sur le carreau de cet ancien site minier.


C'est l'occasion d'apercevoir le crochet de levage de la caisse de lavage des gaz qui doit approcher les 500 kg...(explication du 759).

à + / PO

Bonjour,

500kg pour une caisse de lavage des gaz, sont bien chargés ces gaz!
Explications sur ce poids qui me paraît très important pour un néophyte?
JJR24

Il s'agit d'un caisson et de son couvercle en fonte très épaisse. Ces deux pièces font la largeur du loco et forment un très gros cube.

L'intérieur du corps principal est revêtu d'une peinture epoxy qui protège la fonte de l'action corrosive de l'eau traversée par les gaz.

Ce corps contient également l'empilage d'échappement dont les plaques (séparées entre elles de 0,8 mm) sont en laiton ou en inox.

Le couvercle sert à la fois d'obturateur à ces gaz mais aussi de réservoir au sable nécessaire à l'adhérence aux rails dans la montée.

Bien entendu, chaque ensemble est homologué et un certificat de conformité est joint au loco neuf ou au bac de lavage de rechange.

PS : n'oublie pas que le loco 3635 K2 ne fait pas loin de 8 tonnes.

à + / PO

Bonsoir,

Ben si, j'ai oublié le poids de 8T!
pour ces claires précisions techniques!
JJR24

Bonsoir
Pierre pourrais tu s il te plaît si tu ne la déjà fais expliquer le principe de la caisse de lavage des gaz
Merci
Amicalement

Bonjour Jean-Marie,

Une caisse de lavage n'était qu'une sorte de gros pot d'échappement que traversaient les gaz émis par le moteur avant d'aller à l'air libre.
Le problème était de 3 sortes pour chaque machine :
- elle circulait en surface et sans gêne spécifique, donc comme une voiture, une bétonnière ou un tracteur : pas de protection particulière.
- elle était en milieu clos ou dangereux : galeries, mines et carrières, tunnels, usines chimiques : protection antipoussières et anti-fumées.
- elle roulait en milieu grisouteux, c'est-à-dire dans les mines de charbon et de potasse : protection antidéflagrante brevetée et surveillée.

Seules les 2 dernières versions nécessitaient l'emploi d'une caisse (ou bac) de lavage dont l'eau retenait les particules et les suies des gaz afin de ne pas nuire à la respiration de l'air ambiant par le personnel, tandis que l'empilage d'échappement qu'elle contenait était un dispositif qui évitait de mettre le feu à des poussières ou d'entraîner l'explosion de grisou ou de produits chimiques environnementaux.

Les parois intérieures dudit bac étaient recouvertes d'araldite ou de peinture époxy, ce qui empêchait l'eau "polluée" de les attaquer. Cette eau était changée très régulièrement, et toute la boulonnerie était en inox à tête pentagonale pour éviter de fâcheuses méprises.

Les locos des MDPA (potasse d'Alsace) avaient jusqu'à 3 caisses de lavage, d'où leur longueur, leur masse et leur puissance de moteur.
Les autres machines ayant trait aux 2 dernières versions ci-dessus n'en disposaient que d'une, toutes en fonte comme celles des MDPA.

Dans les années 60, 2 modèles miniers antidéflagrants reçurent un bac de lavage en inox, moins lourd et offrant une meilleure visibilité.
Il s'agissait des CL 3758 T4 des HBNPC des groupes de Lens, Oignies et Auchel-Bruay, et des C 3768 P2 du groupe d'Auchel-Bruay.





Sur les 39 machines de cette "nouvelle génération", seulement 6 ont été retrouvées et 33 sont restées au fond !    
Et quand, plus d'un demi-siècle plus tard, je retrouve mon écriture sur ces documents, j'ai des larmes aux yeux.  

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Bonjour à tous
Merci Pierre pour toutes ces explications, et bravo pour cette belle écriture. C'est drôle comme quoi c'était bien pensé pour éviter tous les problémes dont tu parles il y avait bien des bons pour réfléchir à tous ça, et au contraire d'autres qui comme on en parlait plutôt n'avaient pas pensé au poids des engins et qui n'ont jamais servi?
Alain

Bonjour Alain,

Eh oui ! On n'avait pas besoin de l'intelligence artificielle et l'ordinateur restait encore à inventer. Quant à la machine à calculer, c'était tout simplement une règle à calcul dont je n'ai jamais su me servir mais que chaque dessinateur ou ingénieur avait sur sa table ou son bureau.

Moi-même j'avais une calculatrice antédiluvienne dont une pièce sautait très souvent quand elle fonctionnait trop vite... De plus, on posait la valeur de base à l'aide de curseurs et pour ce faire il valait mieux ne pas trop se couper les ongles et surtout pas les rogner. Je l'emmenais régulièrement chez moi moi pour la réparer et on a fini par acquérir une machine moderne, plus petite et moins lourde.

De même qu'avec le fichier de stock, je me coinçais souvent les doigts dans son tambour rotatif car je le faisais tourner très vite, trop pressé de rechercher la fiche dont j'avais besoin, au grand dam du directeur commercial qui ne comprenait pas comment je pouvais entrer et sortir les fiches aussi rapidement et presque les yeux fermés (il m'appelait "le dégourdi"). Alors j'ai adapté un système de freinage au pied qui devint la grande attraction de tout l'étage qui rassemblait l'essentiel des services de conception et de production.

C'était l'époque où des gens hautement diplômés faisaient confiance aux jeunes qui débutaient et voulaient participer à l'avancement du smilblick, allant jusqu'à les former eux-mêmes pour maintenir l'esprit de François Berry, fondateur de cette entreprise.

Faire ces recherches puis écrire ici, ailleurs et dans des revues spécialisées,  c'est ma façon de les remercier de m'avoir permis de m'exprimer et de me "blinder" pour la poursuite de ma vie tant professionnelle que personnelle.

Merci à toi pour l'intérêt que tu y portes.

PO

Bonjour,

Filtres qui n’émet pas de particules très fines avec des métaux dit rares/précieux, contrairement aux pots dit catalytiques!
JJR24

Les Decauville aussi avaient un dispositif agréé dont le bac de lavage et le système d'échappement étaient à l'avant du loco.


Cet ensemble était logé devant le moteur dont les gaz sortaient par la grille située derrière le tablier de tamponnement avant.

On peut noter la similitude entre ce Decauville DB 15 et le Berry 3735 T2, caractéristiques imposées par cahier des charges.

à + / PO

Bonsoir
Merci Pierre pour ces explications
Oui les temps ont bien changé  tous ce travail sur table à disparu
Amicalement

Autre exemple de transformation de locotracteur, mais il me serait difficile de ne pas apprécier cette évolution au vu du résultat.

Loco Decauville 1C0 à moteur Renault de 120 ch - Exposition Coloniale de 1931

Même loco avec cabine et nouveau moteur à la Sucrerie de Sermaise dans les années 60 (vue arrière)

Même loco modifié pour circuler au Parc Floral de la Source à Orléans en 1968

à + / PO

Précisions supplémentaires :

Sur les 4 locos de ce type produits par Decauville, 3 ont été acquis par la Sucrerie de Sermaise (45) et iront ensuite chez TPT son voisin, le Tramway de Pithiviers à Toury, célèbre circuit de transport de betteraves.

Les moteurs d'origine étaient des 6 cylindres et il y a fort à parier qu'ils ont été remplacés par des plus modestes qui n'avaient pas à tirer les mêmes charges et étaient donc plus économes en carburant.

Aucune trace ni autre info sur ces machines et c'était même la première fois que j'en entendais parler.

PO

bonjour
Cette semaine, j'étais dans le Loiret et j'ai aperçu ce BERRY dans les réserves du Musée de Pithiviers
Désolé, j'étais dans le petit train à vapeur... impossible de m'approcher plus !



zoom

Bonjour,

Génial! encore des locos à décortiquer par écrit!
JJR24