Ma passion : tout sur les mines de charbon et les mineurs (3ème partie)

Outre cette dernière rectification, j'ai failli partir en embrouille car les documents juridico-notariés ou commerciaux récupérés sont si incomplets qu'il faut être fortiche en puzzle pour avoir envie de les analyser. Quant à les comprendre, c'est une autre paire de manches !

C'est la S.M.M.C. - Société Minière et Métallurgique du Châtelet - qui a racheté la Mine de Voltennes début 1962. Cette société, qui avait arrêté sa mine d'or du Châtelet (23, détenait le loco Berry 3612 n° 683 de fin 1956 (2 t - moteur CLM 15 ch). Il figurait donc sur la liste du matériel transféré à Voltennes, mais seulement marqué Berry et sans autre précision ! C'est ce loco qui avait permis au brave Gugusse de prendre une retraite bien méritée.

Fin 1963, sur un autre document tout aussi incomplet, a été relevé un locotracteur n° 683 sans marque... C'était donc encore la même machine, mais pas du tout le 3525 D2 à moteur MWM de 18 ch construit par Berry pour... Fluorine Autin mais sans numéro ni date ! L'embrouille s'annonçait de plus en plus certaine...

Et voilà qu'un entrefilet vu sur le net signale que c'est la S.M.E.F. - filiale de la S.M.M.C. - qui a dirigé la Mine de Voltennes. Or S.M.E.F. est la Société Minière d'Exploitation de... Fluorine !
BINGO ! Cette mine étant dans l'arrondissement d'Autun, la boucle était enfin bouclée !

Mais alors, le loco 3525 D2 ? Eh bien, il ne datait pas de 1962 mais de plus tard, quand cette exploitation a pris de l'ampleur et en tout cas avant 70, ce qui est bien conforme à l'idée de mon contact.

Ci-dessous le plan du fond de la Mine de Voltennes (source Michel COSSARD - Ingénieur-Auteur-Conférencier);


à + / PO

La Mine de Voltennes, aussi appelée la Petite Verrière, les Sauguettes, les Loges... a produit une grande quantité de fluorine, utilisée en métallurgie comme fondant ainsi que dans de multiples applications. Y ont été aussi extraits divers minéraux dont la barytine et le quartz.

Outre leur utilisation à des fins industrielles ou scientifiques, ces minéraux font la joie des collectionneurs dont la passion n'a d'égale que la beauté et la rareté qui émanent de certaines pièces qu'ils exhibent fièrement et bien souvent plus en photo qu'en live. Entre autres :



Mais le top de la magnificence se trouve dans les 189 balustres de l'escalier de l'Opéra Garnier à Paris, toutes en fluorite de Voltennes.


à + / PO

Merci Pierre pour les suites très instructives !

Petit dépaysement avec cette photo (1941)  d'un loco-tracteur utilisé par les carrières sur les rives du Danube, la gare du chemin de fer économique de Szobi en Hongrie,  en arrière-plan le tas de pierres de taille.



le moteur est un INDIAN 2 cylindres en V




carrière. Wagons en pierre Luczenbacher.

Un moteur de moto US sur une automobile enraillée dans un pays soviétisé et en pleine période de guerre presque mondiale ???    
 
Décidément, on aura tout vu, même s'il manque les caractéristiques du moteur et son numéro de série, ce que réclamera sûrement JJR quand il viendra faire un tour par ici.

A propos de la Mine du Châtelet (23) mentionnée plus haut, elle a produit près de 11 tonnes d'or entre 1905 et 1992, faisant d'elle la première de France.

Mais pour obtenir ces 10,9 tonnes d'or, il aura fallu extraire plus de 500.000 tonnes de résidus, l'or ne constituant qu' 1 / 50.000e des stériles marqués par le mercure.

Photos rappelant cette exploitation à ses débuts :

Triage des pierres à minerai par des enfants. Il faut dire que ça se passait en 1908, au tout début de l'exploitation.

Mineurs et train de la mine prêt au départ - Le loco Berry 3612 n°683 de 15 ch remplacera l'âne... 50 ans plus tard.

Le site d'exploitation de la Mine d'or du Châtelet avec ses installations techniques et les logements du personnel.

Le même site aujourd'hui après nettoyage, dépollution et  protection contre les écoulements vers la rivière Tardes.

pierre1942 a écrit:A propos de la Mine du Châtelet ....

Ne confondrais tu pas avec la station de métro ?

Aussi au Chalard :
"Le complexe minier du Bourneix a ouvert en 1982 et a connu un essor considérable à la suite de l'acquisition de la Société des Mines du Bourneix (SMB) par AREVA en 1988. Sa production annuelle est alors passée de 500 kg à 2 tonnes d'or.

En 2002, les réserves économiquement viables du site étant épuisées, la production d'or a cessé."

A la station de métro du Châtelet, le seul qui se fasse de l'or c'est... la RATP.    

Effectivement, et tu mets le doigts dessus, quand on a du fric on peut faire les choses en grand et on épuise plus vite le filon, quel qu'il soit.

Nota ; AREVA descend de la COGEMA qui émanait elle-même du CEA, organismes jamais intéressés par les petites affaires.. Il en était de même pour PECHINEY issu de ALAIS-FROGES-CAMARGUE.

Mais à propos de Psychopathe et de Lustucru, sais-tu que ce dernier rachète Panzani ?
Finalement, tout s'achète : il suffit d'avoir le fric !  

Bonjour
Ferme en 1972 réouvert en 82 sous l ère Mitterrand ?
Et fermé en ?
Il y a t il des mines de fluorine encore en activité en France
Amicalement

toujours à l'Est (Hongrie)

Bonjour,

Encore un minerai que je découvre, je comprends vu son bel aspect, qu'il a dû "tourner" la tête à plus d'un!
Bon, je n'ai pas de question car je suis fatigué Par ce covid!
JJR24

honore jm a écrit:Bonjour
Ferme en 1972 réouvert en 82 sous l ère Mitterrand ?
Et fermé en ?
Il y a t il des mines de fluorine encore en activité en France
Amicalement

Oui, réouverte en 1982 mais par la Cie Française Mokta (domaine privé) car les cours de la fluorine était très hauts.
Il y avait une forte demande et la matière provenait essentiellement de l'étranger, d'où cette inévitable spéculation...  
Devant l'impossibilité d'assurer sa rentabilité, la fermeture définitive de l'exploitation de Voltennes eut lieu en 1986 !
Enfin, il faut dire aussi que la pression exercée par les écologistes a été prédominante dans la décision de l'arrêter;

GORDINI 07 a écrit:toujours à l'Est (Hongrie)

Voilà bien la preuve que, où qu'il vive, chacun peut percer dans la vie !  

Admirons l'équipement de sécurité : gants, casque, chaussures renforcées.
Quant à la mécanisation, probablement qu'elle n'était encore qu'à l'étude ?
Bon, on n'a pas à chipoter, la France a connu ça, même s'il y a longtemps.

Ânerie de ma part : la Mine d'or du Châtelet (Creuse) n'a jamais été la plus importante de France puisque c'était celle de Salsigne (Aude), située à une dizaine de kilomètres au nord de Carcassonne.

La Mine de Salsigne, ouverte en 1892, a été opérationnelle pour l'or à compter de 1894 et sera reprise en 1991 par un groupe australien.
Fermée en 2004, elle a produit plus de 120 tonnes de ce métal précieux, faisant d'elle la mine d'or la plus importante d'Europe Occidentale.
De ce fait, on est très loin des 11 tonnes de la Mine du Châtelet et je m'en excuse.

Mine de Salsigne à la Combe du Saut

Femmes au triage - On distingue la voie de 600 sur laquelle les wagonnets sont poussés manuellement

Mineurs en pause (normal, les femmes bossent...) - Le loco Berry 3515 n° 844 de 15 ch ne doit pas être loin

La Combe du Saut : destruction en 1986 de la cheminée construite en 1924

Mine de Salsigne : exploitation à ciel ouvert

Sauvegarde du chevalement du Puits Castan dont la descenderie a été obturée

Ma paie hebdomadaire pour 35 h de boulot - petite précision, ce n'est qu'un acompte...

PO

bonjour
Merci Pierre pour les suites !
120 tonnes d'or, vu le ratio habituel  j'imagine le nombre de tonnes de remblais traitées pour arriver à ce chiffre !




a+
JP

Salut JP,

La concentration y était plus importante qu'au Châtelet et on peut imaginer entre 15 et 20 millions de tonnes de remblais dont le traitement à l'arsenic a fait de cette mine la plus polluée de France avec 60 fois la dose normale.

S'il y a bien dans notre pays (du moins en théorie...) le principe de "qui casse ou pollue doit payer", les entreprises australiennes s'en sont allées sans avoir eu à se charger de nettoyer et assainir ce secteur de 200 km2 qui renferme environ 1.200.000 tonnes de déchets toxiques. En effet, le gouvernement Jospin les en avait dispensés par un accord conclu en 2001, laissant à la France le soin de traiter le problème et d'en régler l'addition.

il faut croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes vu qu'en octobre 2014 un journal régional annonçait un projet de réouverture de ce site :
https://www.lindependant.fr/2014/10/19/la-loubatiere-salsigne-va-t-on-rouvrir-les-mines-de-la-montagne-noire,1944428.php

C'était vite oublier qu'on estime à plusieurs milliers d'années les méfaits que cette pollution aura sur cette région et ses habitants, mais c'est surtout la preuve que des politiciens sont prêts à dire n'importe quoi pour se faire valoir et que les medias s'emparent de tout sans la moindre réflexion !

à + / PO

Pour en revenir aux mines de charbon, juste une photo d'une chaîne d'abattage par rabot et enlèvement par convoyeur blindé.
C'était au lendemain de la seconde guerre mondiale, la mécanisation et l'électricité s'implantaient peu à peu, mais ici le mineur ne se redressait jamais de la journée car le toit (plafond) devait être à environ 1 m 50 du sol...

Mais pourquoi 1 m 50 ? Ben, parce que c'était la puissance (hauteur) de cette veine, et même quand elle n'était que de l'ordre de 50 cm, il fallait aller chercher le charbon...

Ainsi, dangers, courbatures et respiration de poussières étaient le lot permanent du mineur de fond !

Sacré métier.....

Eh oui ! Au risque de me répéter, que celui qui voudrait revivre l'époque du charbon se porte volontaire pour aller le chercher là où il est !

Coup de grisou à la fosse 8 Je le sais, j'en reviens !

Et puisqu'on est revenu dans le milieu charbonnier, un petit tour en Espagne qui construisait pas mal de matériel d'ailleurs sous licence.

Tombé sur des locotracteurs miniers à batterie qui me faisaient penser aux Bartz des HB Lorraine, j'ai appris qu'ils avaient été construits sous licence Bartz par Trariasa en Espagne.
La Mine Carbonar de Vega de Rengos (Asturies) en a utilisé au moins trois modèles : le T 35, le T 50 de 4,8 t et le T 80 de 7,8 t.
En voici quelques-uns en manoeuvre sur les voies de 600 de cet ensemble minier qui comprenait sept étages en profondeur et trois dans la montagne. Pas de puits ni de chevalement mais deux plans inclinés qui menaient aux différentes recettes.

Trariasa T 80 n° 5 et batterie n°15

Trariasa T 80 n° 9 et batterie n° 22

Trariasa T 80 n° non connu et batterie n° 19

Trariasa T 50 n° inconnu et batterie n° 44 s'engageant dans une galerie

Trariasa T 50 n° non visibles - remontant un plan incliné

Les Trariasa T 50, plus anciens mais plus compacts, étaient plutôt utilisés au fond.
Le Trariasa T 35 (pas de photo ni d'infos sur lui) servait au transport d'explosifs.

Depuis 1920, cette mine à capitaux totalement privés produisait de l'anthracite et avait très fortement investi ces dernières décennies.
Malheureusement, un incendie à son sixième étage en janvier 2018 entraînera sa fermeture fin 2018 et son démantèlement en 2020.

Sources : Revue Rail & Industrie n° 82 de décembre 2020  
Texte extrait de l'ouvrage de Ruben Mayoral, Directeur Technique, Carbonar. - Traduction et photos de Sébastien Berrut

à + / PO

Bonjour
On a extrait jusque en 2018 et si un incendie n avait eu lieu ça fonctionnerait encore ?
Je pensai à tord  qu'en Europe il n y avait plus de puits en service ....
Amicalement

2018 La dernière min de charbon allemande ferme ses portes
https://www.france24.com/fr/20181221-europe-allemagne-ruhr-industrie-fermeture-derniere-mine-charbon-houille

honore jm a écrit:Bonjour
On a extrait jusque en 2018 et si un incendie n avait eu lieu ça fonctionnerait encore ?
Je pensai à tord  qu'en Europe il n y avait plus de puits en service ....
Amicalement

Cette mine aurait continué mais sous conditions fixées par l'Europe car sa production d'anthracite correspondait aux besoins de l'Espagne.
D'énormes investissements avaient été réalisés et une autre galerie d'extraction venait de débuter quand cet incendie a tout réduit à néant.
Il ne s'agissait pas de puits mais de deux descentes en pente douce, comme celles empruntées par des engins sur pneus dans notre pays.
Mais à la différence de nos plans inclinés, ceux de cette mine comportaient de la voie de 600 pour utiliser les locotracteurs déjà en surface.

à + / PO

GORDINI 07 a écrit:2018 La dernière min de charbon allemande ferme ses portes
https://www.france24.com/fr/20181221-europe-allemagne-ruhr-industrie-fermeture-derniere-mine-charbon-houille

Tiré de cet article :

Si la fin de l’exploitation de "l’or noir" avait été programmée par le gouvernement fédéral en 2007, l’Allemagne n’en a pas pour autant fini avec le charbon. Près de 40 % du mix électrique allemand repose encore sur ce minerai, sous deux formes : la houille, importée, et le lignite, très polluant et bon marché.
Le pays compte ainsi plusieurs immenses mines de lignite à ciel ouvert. Et les centrales au charbon venues d'Australie ou de Chine turbinent à plein régime, y compris dans la Ruhr.

Ce ne sont pas les centrales qui proviennent de Chine ou d'Australlie mais le charbon, alors, qu'on arrête de prendre l'Allemagne en exemple, déjà qu'elle est notre premier client en électricité nucléaire qu'elle n'a pas à produire elle-même, s'épargnant ainsi des investissements et des déboires tout en évitant les foudres de ses écolos.

"Hypocrisie, quand tu nous tient...", voilà ce que l'on peut dire à l'Europe dont on se demande si elle réfléchit un minimum avant de prendre sa décision.

Bonsoir
Merci Pierre pour l explication
Le feu dans les tailles une dès grande peur des mineurs entre autre
Mon père m'a toujours dit qu'au puit du Villaret peu après sa construction un feu s'est déclaré  sous les maree direction Pierre Châtel et l endroit abandonné et muré.
ça brûle encore 20 ans après
Amicalement

Salut JM,

Je n'ai jamais entendu cette anecdote mais ce n'est pas pour autant que ça n'existe pas.
Il est très difficile de s'y retrouver dans les galeries de Matheysine où c'est très escarpé.
Et quand la nature n'y a pas repris ses droits, ce sont des habitations qui ont pris place.
De plus, les quelques récits qui en parlent sont très succincts et manquent de précision.

A Prunières, j'ai rencontré un ancien mineur qui m'a laissé ses coordonnées mais je n'ai jamais pu le recontacter malgré plusieurs appels, et pourtant j'avais pas mal de questions à lui poser sur le secteur du Puits Rioux, dont la galerie qui donnait sur le Drac.

à + / PO