machine à vapeur HENRICH LANZ 1907 Restauration

" Par contre si je dois forger le vilebrequin, je vais sérieusement y réfléchir... pour chauffer localement un rond d'acier de 85 mm "

ça va être un grand moment

oui, une prouesse même si j'y arrive.
mais je pense pas que ce soit possible à la main sans astuce en fait (peut être en utilisant son propre poids et tout un tas de gabarits...) mais 85 mm ça fait gros de toute façon.

salut
il a quelle allure , ce vilebrequin ?
vilebrequin !!! j étai persuadé que c était une bielle  qui manquais , je ne sais pas pourquoi

bonsoir,

cet après midi j'ai avancé le chantier en débloquant quelques problèmes assez épineux.

le premier c'est encore sur le support de vilebrequin maintenant à sa place, il y avait un taraudage un peu bizarre. Au sol je n'avais pas fait bien gaffe au fait qu'une espèce de pastille soit logée à l'intérieur... j'avais pris ça pour un bouchon d'usinage: pour moi la pièce avait reçu ce taraudage pour permettre son maintien lors de sa fabrication, puis l'usine l'avait bouchée parce que ça débouchait dans le carter d'huile du palier... En fait pas du tout: il y a deux tirants qui raidissent ce support au moteur. Et en vérifiant ça a immédiatement fait TILT ! : C'est le bout fileté d'un des deux tirants qui est cassé au fond de ce trou ! et c'est pas un petit truc: genre le tirant fait 2m pour un diamètre de 50mm



le tirant en question amputé de son filetage



Heureusement le diamètre cassé du tirant est suffisamment important pour y souder en bout le premier fer à béton qui traine. J'espère que c'est pas bloqué ! Non ça sort tout seul... La soudure c'est magique pour débloquer les vis cassées !

ergerg a écrit:salut
il a quelle allure , ce vilebrequin ?
vilebrequin !!! j étai persuadé   que c était une bielle  qui manquais , je ne sais pas pourquoi

il ressemble exactement à ça mais en plus gros :

voila la chose sortie de son trou et son monstrueux tirant, je n'aurai plus qu'à la ressouder au bout une fois nettoyée.

enfin le deuxième problème était de sortir les coussinets bronze des paliers, c'était pas franchement indispensable mais je voulais faire les choses bien: les nettoyer... nettoyer aussi le carter d'huile du palier qui était rempli de 100 ans de graisse noir ! Et puis les débloquer pour pouvoir intervenir sur leur usinage si besoin lors de la pose du vilebrequin.

j'ai commencé à faire levier avec un pied de biche entre le rebord du palier et le coussinet... ça bougeait pas et j'ai arrêté assez vite car le rebord en fonte est on ne peut plus fin... Pas une bonne solution.

Après je me suis lancé au remploi d'un bélier maison qui m'avait servi à extirper des pièces pour un autre projet... j'ai bricolé un crochet pour le passer dans le centre du coussinet ajouré car il reçoit le passage d'une petite chaine à godet pour le graissage en rotation (c'est marrant comme truc, ça barbote dans l'huile en dessous et ça lubrifie le tout entrainé par la rotation du vilebrequin.)

voila l'engin,



la création du crochet



et la mise en place du bazar

après quelque coups de bélier vers le haut.... le crochet en fer à beton diamètre 18mm redevenait du fer à béton droit et ça bougeait toujours pas ... en plus si ça n’eusse fini par fissurer le bronze (notez l'emploi du subjonctif au passé simple ) c'était plutôt moyen... pas une bonne solution non plus.

au final me voila reparti pour la confection d'un arrache coussinet de ma fabrication:
un bout de tige fileté, un écrou une rondelle, deux bouts de ce fameux plat qui me sert à tout, un peu de soudure et on repart au combat ! (notez que la pièce en demi lune tombera dans le trou du carter d'huile... j'en ai refais une autre depuis en tige fileté)



mise en place de l’outil et soudure sur place (le truc n'est pas démontage autrement qu'avec une disqueuse), j'utilise les gougeons et écrous des paliers comme appui



je commence à viser et je le sens bien cette fois.

ça y est la chose se détache:



après on extirpe l’outil à grand coups de disqueuse et on recommence la manip pour l'autre coussinet. (notez que la traverse était plate à la base... c'est donc qu'il y a eut un peu d'efforts de traction quand même)



voila les photos des coussinets bronze gros comme mes genoux une fois extirpés:

voila reste plus qu'à nettoyer toutes ces pièces, les vérifier aussi avant remontage.
l'une mise sur l'autre le vilebrequin fait plus de 80 mm de diamètre... ça va être gros !

Bonjour
Suites magnifiques !
J'ai l'impression d'être avec toi en train de chercher des solutions et de forcer quand ça ne veut pas venir !
j'ai aussi la désagréable impression de ne te servir à rien.

Heureusement d'ailleurs que tu n'attends pas de l'aide ou des conseils de notre part !
Tu avances bien plus vite seul !

Ces paliers en bronze sont juste magnifiques ! heureusement, ils ont accepté de sortir sans casser. Quel boulot c'eût été pour les refaire !!!!

a+
JP

Bonjour,

Ah! ça c'est de la vraie mécanique! Réfléchir! Jouer d'astuces! Inventer des trucs bizarres!
JJR24

Bonjour,
Pas bien compris le graissage avec la chaine à godet malgré les gros passage dans les paliers. Tu pourrais expliciter ? Merci

Christian Colette a écrit:Bonjour,
Pas bien compris le graissage avec la chaine à godet malgré les gros  passage dans les paliers. Tu pourrais expliciter ? Merci

Bonjour,

Il faut imaginer la chose comme un bracelet autour du vilebrequin, c'est une petite chaînette qui passe dans les ouvertures des coussinets et trempe au fond du carter d'huile (un peu comme une chaine de distribution de moto avec puits central sur son arbre à came en-tête). Quand le vilebrequin tourne vers 230 tr/min il entraîne la chaine par frottement sur sa partie supérieure ( la chaine pattine sans doute beaucoup mais comme tout est lubrifié l'usure est faible et puis ça limitte sa vitesse de rotation) du coup l'huile remonte par les maillons et lubrifie le vilebrequin et la répartition d'huile sur la largeur du coussinet est assurée par deux saignées dans le bronze ( classique à cette époque). Tout ça est encore très théorique mais j'ai bien vu les chaînes sur le catalogue de pièces d'époque... et je n'explique pas autrement leur utilité. Le plus étrange c'est que c'est bien le frottement qui fait tourner la chaine car la portée du vilebrequin est lisse à cet endroit. Sur les paliers Il y a un bouchon de remplissage d'huile sur le côté, comme un bouchon de vidange, et une trappe de visite située sur le chapeau du palier.

Remarque à 230 tr/mn ce n'est pas une vitesse de rotation folle... Quelques gouttes par-ci par-la doivent suffirent...

Oui, et quand tu imagines le poids de l'ensemble tournant, les sections et tout le tremblement tu comprends pourquoi ça ne tourne pas plus vite ! Un couple monstrueux pour une puissance faible ( et un rendement déplorable..... pour une longévité MAXIMALE...)

Maintenant je comprends mieux pourquoi il y à ces découpes dans les paliers . je pense que c'est un système simple et efficace .

salut
tu a une idée pour comment refaire le vilebrequin ?

ergerg a écrit:salut
tu a une idée pour comment refaire le vilebrequin ?

Non pas trop encore, j'aimerai le forger mais je sais que j'ai en tête quelque chose de moins gros que la réalité (85 mm de diamètre sur un bon mètre de long c'est pas banal à forger, donc je me méfie du défi...) et puis en fait j'ai jamais refait de vilebrequin... donc un comme ça encore moins.... voilà des semai'es que je regarde des video youtube de ceux qui ont réalisé une pièce pareille et c'est toujours en mecanosoudé , 5 morceaux et une rectification au tour ensuite.... moi je n'ai qu'un petit RAMO et l'entre pointe ne permettra pas de rectifier l'ensemble une fois assemblé et soudé ( je vais tout de même pouvoir réaliser les diamètres, épaulement, manetons de chaque bouts du vilebrequin) bref je commence à me dire que je vais le rectifier en place en créant une machine pour ça ( genre un bati embarquant une meulleuse le tout monté sur les paliers... en prenant mon temps avec un comparateur...) enfin ça va être sportif ! Ça c'est sûr ,
Et puis le plus dur c'est pas tant de faire la pièce que de lui donner les bonnes côtes, parceque faut encore que ça fonctionne à la fin, mes connaissances en allemagne ont la même machine mais en plus petit, donc ils pourront pas m'aider pour la cotation

Si quelqu'un a un plan, qu'il se fasse connaitre

je t aurais bien dit de faire un devis chez bopp a Lanveoc ,1 m , c est petit par rapport aux treuils de bateaux
ils font des choses pour les particuliers il me semble
mais j ai bien peur que ça ne te coute un bras
https://www.bopp.fr/presentation.php

Bonjour ,BRAVO pour cette resto (reconstruction dirais-je)

Bonjour,
je prépare maintenant le chantier de la reconstruction du vilebrequin. Martin qui est en Allemagne m'a beaucoup aidé pour résoudre les problèmes du dimensionnement: longueur, diamètre, course et régulation vapeur. Comme on ne connait personne qui a le même modèle de Lokomobile Lanz et que les plans d'origines sont introuvables (l'usine a été détruite à 90% pendant la seconde  guerre mondiale et les archives ont brulées) on a décidé de refaire cette pièce en bois dans un premier temps pour vérifier les calculs de Martin et les difficultés de réalisation. Ensuite viendra la réalisation en XC45, nuance d'acier utilisé sur les tracteurs LANZ à boule chaude)

Donc la première chose à faire c'est de connaitre la course du piston, le point-mort-haut et bas de la machine.




J’essaie de tirer ou pousser tout ça avec ma main, puis avec une cale en bois et un marteau, rien à faire c'est bloqué. Donc démontage.

Je commence par le curseur, l'ancien propriétaire l'avais déjà démonté, donc pas de difficulté: on enlève la clavette, le bloqueur d'arbre et l'unique goujon qui reste sur la machine, puis on arrose copieusement de degripant et la pièce peut pivoter d'un quart de tour pour sortir par l’extrémité de la glissière

Voila quelques images du curseur, je découvre son système de montage et son système de lubrification. La pièce semble en bon état, quelques têtes de vis on souffert d'un démontage antérieur mais rien de bien méchant à mon avis.

on passe au piston:

démontage de la plaque arrière, là aussi l'ancien propriétaire avait démonté, donc pas de problème particulier... on ne gardera pas le joint caoutchouc ça c'est certain.




puis avec une cale et un marteau je chasse le piston après avoir arrosé le cylindre de dégrippant.

le cylindre n'est pas neuf, mais ça va... Je ne prévois pas de réalésage à ce stade d'investigation.



par contre première mauvaise surprise: un segment cassé. C'est de la fonte, faudra en refaire donc.



le deuxième segment est bloqué par la rouille sur 10 centimètres, je passe 3/4 d'heure à le débloquer... en chauffant, arrosant de dégrippant, tapotant doucement... pour au final le casser aussi. Dès fois on a pas de chance, bon après vu l'état de sa surface de frottement de toute façon il était mort donc je n'ai pas beaucoup de regret.