Ma passion : tout sur les mines de charbon et les mineurs (1ère partie)

Histoire de se recentrer sur les Mineurs de charbon (les fameuses Gueules Noires qui ont tant fait la fierté de notre pays), voici un compte-rendu de conférence qui a eu lieu récemment à Lens, haut-lieu et emblème de l'extraction du charbon dans le Nord/Pas-de-Calais.
C'est chaque mois qu'un sujet y est abordé par des universitaires, des scientifiques, des historiens, des spécialistes (médecins, ingénieurs, techniciens, etc.), mais aussi des personnes concernées par le thème retenu et exposé à une foule très intéressée et de plus en plus nombreuse.
Son rédacteur n'est autre que Georges TIRAKOWSKI, l'ex-Secrétaire Général que j'avais rejoint et épaulé jusqu'en 2018 à l'Apphim de Courrières, et qui assure maintenant cette fonction au sein de l'UP2M-Gauhéria de Lens dont le but est plus varié et le rayonnement plus étendu.
Fils et petit-fils de Mineurs, Georges a le sang de la Mine dans les veines, et beaucoup plus en souvenir de ce qu'ont vécu ceux qui y ont travaillé que pour rappeler les méthodes et les statistiques d'extraction. À l'image de son principe d'organisation, ses écrits sont d'une rigueur exemplaire et c'est un plaisir de les lire, même s'ils incluent aussi l'essentiel de l'exposé du conférencier du moment.
Celui-ci est un vrai condensé de la lutte permanente pour que ces Gueules Noires puissent travailler et vivre dignement, et mentionne aussi quelques-uns des plus tragiques accidents qu'ils aient connus. Enfin, il confirme la réponse que j'ai faite à J.P. quand je lui ai annoncé sur ce même file que le Nord/Pas-de-Calais avait produit à lui seul quasiment 50 % du charbon national, soit pour 1958 : 29 sur les 60 millions de tonnes extraits sur tout le territoire français.
Si ce genre de compte-rendu peut passionner certains d'entre-vous, d'autres pourront suivre, et aussi bien sur des conférences passées que sur celles à venir.

Bonne lecture.
Pierre

file:///C:/Downloads/UP2M-Gauheria%20Lettre%20d'infos%20n°31%20juin%202019%20(2).pdf

Le lien ne fonctionne pas .
Le PDF est sur le net...?
Ici peut-être? http://gauheria.canalblog.com/archives/2012/10/22/24101754.html

Sur le net ? Euh... Je suis censé devoir répondre par la négative puisque c'est en 2018 que Gauhéria a fusionné avec UP2M (Université Populaire "Mineurs du Monde") et a cessé de communiquer sous son nom d'origine.
Je vais voir comment pouvoir introduire ce document qui a pris à son rédacteur des dizaines d'heures de travail.
Avec mes excuses aussi empressées que l'attitude de mon message précédent...
PO

Bonjour,

Oui, le PDF ne s'ouvre pas
Je m'interroge sur l'époque des moteurs Renault qui serait autour de la guerre 14/18? Sur le lien cité; mais les moteurs ont vite évolué
JJR24

Bonjour,

Les premiers moteurs thermiques rendus antidéflagrants ne sont apparus qu'au début des années 30, leur principal concepteur étant François BERRY, le père de mon tout premier patron. De plus, la classification à 4 chiffres des locotracteurs Berry n'a commencé qu'un peu avant la seconde guerre mondiale et c'est à cette même époque que ce constructeur fit appel à Renault pour équiper quelques petites séries de locotracteurs miniers.
Enfin, je regrette qu'un différend  auquel je suis absolument étranger, m'ait empêché en mai 2013 de voir ce fameux 3787 R4 au Musée Rodolphe, sinon bien des choses auraient été dévoilées depuis déjà 6 ans...

Pour le PDF annoncé à la va-vite, je vais voir ça avec son rédacteur que j'estime comme un frère et qui me le rend bien.

A +
PO

Salut Pierre, tu as un MP

Un lien qui commence par ///C:   est une adresse interne à ton ordinateur , pas un lien vers le web.  

///C:/Downloads/UP2M-Gauheria%20Lettre%20d'infos%20n°31%20juin%202019%20(2).pdf   est donc situé dans ton ordi.

Effectivement, ce n'était pas le bon lien et je m'en suis rendu compte... trop tard !
Le rédacteur attend l'autorisation du conférencier (droits d'auteur et à l'image) pour créer le lien adéquat.
Merci pour ton intérêt.
PO

Pernowel m'a envoyé les plans d'encombrement des locotracteurs Berry 3789 F4 livrés aux Mines de la Sarre alors que cette région était sous contrôle de la France après la seconde guerre mondiale. Je ne sais pas où il est allé dénicher cela et ne lui pose même pas la question, mais je suppute qu'il dispose de pas mal d'autres petits trésors alors que le temps lui manque pour les exploiter.
En fait, il s'agit plutôt d'un unique plan qui a été morcelé pour pouvoir être reproduit, et son intérêt pour moi réside dans le fait qu'il confirme au moins la largeur de voie de 725 que j'avais relevée en mai 2013 à Schoeneck (juste en limite de la Sarre) sur un LLD type M 345 BE équipé d'un moteur Baudouin DB3.
Or ce document mentionne aussi l'écartement de 655 qui serait la largeur minimale acceptée par ce modèle de machine. Là encore ça correspond vu que Berry a fourni le 3789 F4, en voies de 725 et 665 à moteur Deutz F4M, aux Mines de la Sarre en 20 exemplaires, mais dont la répartition ne figure pas dans sa liste de livraisons.
Il y eut aussi 5 locotracteurs 3789 K4 de mêmes caractéristiques mais à moteur Baudouin DK4, livrés en voie de 684 aux Houillères de Lorraine (Petite-Rosselle). Tous ces engins faisaient 14 tonnes et ont été d'une robustesse reconnue et presque légendaire.
Ci-dessous plans et photos de ce modèle dont je n'ai retrouvé trace que sur une vidéo du Puits Simon (Moselle) par 450 m de fond, ainsi que l'avant-dernière photo de la toute première page de ce même sujet.






A +
PO

Un super document !
BRAVO à tous les deux !

c'est Noël tous les jours sur ce sujet ! 03.06.2019

Ouais, mais il faut dire que le pernowel à nous n'est pas une ordure.  
J'arrête-là car y en a qui vont penser que sur VSA ça... traîne haut !

Mais puisque j'ai cité le LLD type M 345 BE sur voie de 725 qui trône en monument en face de la Mairie de Schoeneck, autant le montrer ici, ce qui évitera aux curieux de devoir pousser jusqu'à l'ex-frontière allemande pour aller le voir.
Il porte le numéro 70.106 et c'est uniquement parce que les Mines de la Sarre étaient à l'époque dans le giron de l'Etat français qu'il a un moteur Baudouin, sinon nul doute que les Allemands lui auraient imposé un moteur Deutz.


A +
PO

Bonsoir,

Très très rare ces plans faits à l'encre!
JJR24

Bonsoir
Sur c'est machines de conception Berry , Berry était il un assembleur ou fabriquais t il tous ou presque les composants de ses machines ?
Le doc des plans est superbe merci du partage
Amicalement

À JJ - Je suppose que les plans ont toujours été faits à l'encre après un premier traçage au crayon, mais en 1958 les dessinateurs utilisaient de l'encre dite "de Chine".

À JM - Berry concevait lui-même ses plans et ses machines.
Certains composants sortaient de ses ateliers de Lille et Dieppe : châssis et carters en métallo-soudé (pour boîtes de vitesses et réducteurs), pièces usinées à partir de produits sidérurgiques (barres d'essieu, manetons, axes, tirants, brides, chapes, grosse boulonnerie...) ou de moulages en acier, fonte, bronze ou alu (bandages, corps de roue, bielles de transmission, bacs de lavage, collecteurs, poulies, fourchettes, ventilateurs...).
D'autres étaient sous traités à des spécialistes : pignonnerie, ressorts de suspension, radiateurs, accouplements...
Enfin il y avait les éléments du commerce : moteurs, embrayages, convertisseurs, roulements, bagues d'étanchéité, flexibles, graisseurs, raccords, cadrans...
La plupart des locotracteurs étaient montés à Dieppe (aux ACM qui construisaient des bateaux de pêche et de plaisance ainsi que le tracteur agro-industriel Buffle).
À part les moteurs, châssis, cabines et capots, on peut dire que j'avais en charge l'achat de tous les composants mais aussi la vente en tant que pièces de rechange. Pour moi, les ateliers de Lille et Dieppe étaient des fournisseurs comme les autres car je devais assurer non seulement la gestion du stock mais aussi la rentabilité du service dit "après-vente".

à +
PO

Autre plan communiqué il y a quelque temps par pernowel et qui concerne un matériel circulant dans un lieu qui lui tenait particulièrement à cœur : les Houillères de la Loire !

Ce document très spécifique semble expliquer pourquoi les locotracteurs à cabine arrière émanant de ce secteur minier, et que j'ai pu retrouver çà et là, n'ont pas de toit sur leur cabine. En effet, leur capot était surmonté d'un gabarit de passage qui délimitait l'encombrement maximal admis dans les galeries. On voit bien la partie en biseau qui s'inscrivait dans l'arrondi du toit de ces galeries. Pourtant, la sécurité minière était draconienne et l'absence de toit me laisse perplexe... Quoi qu'il en soit, le conducteur avait tout intérêt à porter son casque et à ne pas sortir la tête au-delà de ces limites.  
De même que si le plan ne mentionne pas de largeur de voie, c'est que ces locos pouvaient passer de l'écartement de 500 à celui de 600, ce qui se fera par la suite car leur châssis extérieur aux roues était conçu pour aller jusqu'à la voie de 600 qui se généralisait de plus en plus.

à +
PO

jean-jacques rouleau a écrit:Bonsoir,
Très très rare ces plans faits à l'encre!
JJR24

Il s'agit d'un tirage papier et il me vient tout à coup à l'esprit que le produit essentiel pour la reproduction était l'ammoniaque (qui empestait le secrétariat technique dont je dépendais à mes débuts chez Berry), d'où la couleur bleue. Et comme j'étais préposé à la commande et au dispatching des plans et ozalids (copies de plans de base destinées à être modifiées tout en conservant l'original), ainsi qu'à leur sortie et à leur reclassement, je puais l'ammoniaque quand je rentrais à la maison le soir, mais moins que le tireur qui, pendant que sa machine tournait, me racontait ses péripéties d'ancien gardien de prison. J'avais 16 ans et c'était le bon temps !

Ayant présenté en page 33 le 2598 F12 de 250 ch et 28 tonnes, le plus gros locotracteur de sidérurgie construit par BERRY, ce n'est pas sans raison particulière que je poursuis sur ce sujet.
Disposant d'une photo de l'un des deux 3598 P4 de 150 ch et 17 tonnes livré en 1963 aux Aciéries Commentry de Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle), je me suis mis en quête de ces machines équipées du moteur Baudouin DP4. Celle en photo numérotée 2 étant celle construite sous le n° 785, l'autre devait avoir forcément le n° de série 784.
En voie de 770, écartement quasi exceptionnel, j'ai fini par localiser un engin dans la zone industrielle de Neuves-Maisons, et ça ne pouvait mieux tomber car j'avais prévu en mai 2013 d'aller faire un périple en Lorraine.
Et je l'ai retrouvé derrière une clôture fermée (c'était un jour férié) mais j'ai pu prendre des photos. Un peu modifié à l'avant du capot, mais c'était bien lui, ma main à couper ! En fait, ils étaient trois mais les deux autres ne me disaient absolument rien et je m'en suis désintéressé. Mais c'est plus tard que j'ai compris que l'un des deux autres avaient des points absolument communs avec le premier.
Fin avril 2014, rebelote. J'ai emmené bobonne en Alsace-Lorraine, et un autre passage à Neuves-Maisons m'a permis de comprendre que le second Berry avait été profondément modifié, probablement à la suite d'un sérieux accident, d'où le fait que je ne l'avais pas reconnu l'année d'avant. C'est plus tard qu'un de mes contacts m'a dit qu'il avait été remotorisé et que la transmission par bielles aurait été remplacée par pignons et chaînes, ce qui expliquerait le capot différent et la jupe masquant les roues. L'avant de la cabine aussi a bien changé, à croire qu'une lingotière remplie à ras-bord est tombée sur ce loco qu'il a fallu repenser à fond !
Mais j'avais résolu cette affaire : le 784 est le n° 1 à l'état d'origine ou presque, le 785 est le n° 2 qui n'a plus la même allure. Quant à celui qui n'était pas un Berry, je crois bien que c'était un Gmeinder qui a été revendu entre temps.


Berry 3598 P4 n° 785 (n° 2) aux Aciéries Commentry de Neuves-Maisons


Berry 3598 P4 n° 784 (n° 1) en monument en ZI de Neuves-Maisons


Berry 3598 P4 n° 785 (n° 2) modifié en monument en ZI de Neuves-Maisons

à +
PO

De beaux bestiaux !!!

merci Pierre pour le partage de tes connaissances et de tes photos!

Merci JP, mais si le plaisir est d'abord pour moi, j'espère au moins que beaucoup d'autres en profitent aussi car, même si j'ai toujours vu mon verre plus à moitié plein qu'à moitié vide, ce sera bientôt fini pour l'homme de concevoir, produire, utiliser et entretenir des machines car l'ère des robots est en marche et on pourra bientôt et définitivement se passer de lui !
À quand le clonage généralisé ? Pessimiste moi ? Non ! Qu'est-ce qui te fait dire ça ?  

Bonsoir
Merci Pierre pour ces explications qui sont très intéressantes et permette de comprendre l histoire de Berry
Merci aussi pour le partage de ta photothèque qui a l air d une grande richesse
Moi ce qui me fait peur pour l avenir c est l ingénieurie humaine ou le savoir adapter modifier les machine pour en tirer un maximum et se faciliter la vie se qui tente à disparaître aujourd'hui
Amicalement

Bonsoir JM,
J'ai reçu ce weekend une vidéo montrant des moteurs et des voitures en construction. L'usine est immense, les robots virevoltent, prennent les pièces et les posent, et si j'ai vu 3 personnes en tout dans l'usine, c'est un maximum. Je ne sais pas où ça se passe, mais il est certain que c'est absolument au détriment de l'avenir de l'homme, sauf s'il finit par se contenter de peu, mais payé avec quoi puisqu'il n'aura plus de travail ?
Je pense que ça correspond à tes craintes, non pas pour nous mais pour nos suivants. J'ai balancé cette vidéo et je le regrette car elle est plus significative que des phrases.
Moi qui suis originaire de Lille, je me demande si je n'aurais pas plutôt préféré... l'île !
À +
Pierre

Bonjour,

Peut-être cette vidéo-ci, Pierre ?



Bernard.

Toutes les usines (automobiles et autres) sont maintenant comme ça !
ça change des années 50/60 comme ici :

Bonjour,

  Je n'ai pas connu l’ammoniaque dans cette utilisation! Heureusement pour moi!...
Tu n'as pas de photos de l’entraînement par chaîne? Montage spécifique je suppose?
JJR24