Ma passion : tout sur les mines de charbon et les mineurs (1ère partie)

Bonsoir,
Suite à une demande génér... euh... particulière, je viens parler ici des passions qui m'animent (pas encore foutu le vieux...) depuis qu'au début de ma retraite je suis tombé sur un site traitant de voies étroites et de ce qui circulait dessus. Ce fut le commencement de mes retrouvailles avec BERRY, ma première passion de jeunesse !
Entré chez ce constructeur lillois en 1958, j'étais le boy de service qui, entre autres, devait classer les plans au bureau d'études. Il y avait ceux des ventilateurs que je rangeais immédiatement, et ceux des locotracteurs que je reluquais longuement, n'hésitant pas à poser des questions aux dessinateurs qui se demandaient ce qui pouvait bien pousser un ado de 16 ans à s'intéresser à ce genre de matériel. Même l'ingénieur me voyait parfois entrer dans son bureau pour lui dire que j'avais relevé quelque chose de bizarre, mais jamais il ne m'a mis le pied au derrière en me disant d'aller jouer aux billes. Ensuite je suis devenu dactylo, puis standardiste (et je peux affirmer qu'à l'époque un standardiste curieux en savait bien plus qu'un directeur ou un ingénieur), puis je suis parti à l'armée. 18 mois plus tard, je suis revenu au temple où j'ai créé le nouveau fichier des pièces de rechange.... des locos. Ils n'auraient pas dû car je n'ai plus voulu le lâcher. Puis je me suis mis à traiter directement avec les fournisseurs et avec les clients (Houillères Nationales, Mines de Potasse d'Alsace, mines du Maroc et d'ailleurs, usines sidérurgiques, cimenteries, travaux publics, etc) au point qu'un jour j'ai pris la place du chef car la direction savait que je faisais quasiment tout le boulot. Sauf que j'avais attrapé le virus du fameux .... vous n'avez jamais entendu parler du Berry-Berry ? Cependant, ce constructeur venait de vivre ses plus belles années car une à une les mines de charbon fermaient, la sidérurgie allait suivre et les T.P. se seraient très bientôt tournés vers d'autres moyens de transport. C'est en juillet 1970 que j'ai quitté BERRY dont l'activité locotraction s'arrêta en 1978.
Ensuite ce fut Norauto (mise en route du premier magasin de France au nord de Lille), puis Nauder avec Troméca, Vap, Nauder-Diffusion, Nautac, etc... et enfin Lawn-Comfort devenu Curver où c'était fini le temps des outils et commençait celui des salons de jardin, les lits de soleil et les parasols. Il faut dire que j'avais dans mon secteur (32 départements) tout le littoral méditerranéen dont... la Côte d'Azur !
Puis la retraite arriva, pas du tout réclamée mais bien méritée, et là ce fut pour tourner en rond pendant les deux premières années...
Et c'est en errant sur le net que j'ai découvert la passion de certains pour les chemins de fer et d'autres pour les voies étroites, et ça m'a donné l'idée de rechercher sur Berry puis sur Piquand, Baudouin, C.L.M., etc etc. et je suis tout naturellement arrivé sur des sites traitant de la mine.
J'avais eu des oncles et des cousins qui avaient travaillé dans les mines du Nord, notamment aux fosses Agache de Fenain et De Sessevalle à Somain du Groupe de Douai-Aniche, mais ça ne m'avait pas particulièrement marqué du fait que la famille maternelle était endémique du secteur, tandis que ma mère s'était établie à Lille où l'extraction du charbon importait peu du moment qu'il y en avait assez pour passer l'hiver...
Alors, je suis allé voir une exposition de l'APPHIM à Courrières et j'y ai pris mon adhésion avant d'aller assister à l'A.G. en fin d'année 2012. A l'A.G. de 2013, le nouveau président cherchait un trésorier, j'ai donc postulé et depuis je suis impliqué dans cette asso qui a non seulement explosé en matière d'activité et de communication, mais dont le budget a été multiplié par trois de par les adhésions et les dons, mais aussi grâce aux subventions reçues en reconnaissance du travail fait pour le maintien de la mémoire de la mine et des mineurs.
M'être établi dans l'Isère non seulement me rapproche de mes enfants qui ne sont plus qu'à 3 heures de chez moi au lieu de la dizaine de naguère, mais me permet aussi d'accéder à des lieux miniers régionaux ou éloignés et de rédiger des articles agrémentés de photos qui paraissent ensuite sur le blog de l'APPHIM. Mais ça ne m'empêche pas de m'intéresser aussi à la passion des autres, d'où ma venue sur VSA.
Voilà ! Tout est dit car pour moi le net doit servir à partager et non pas à se mettre en évidence...
Amitiés à tous,
Pierre

Bonjour
Génial ! je ne regrette pas d'avoir émis l'idée de ce sujet !!!
une mine d'info ! que dis-je un puits de science !
si tu as des photos, n'hésites pas !
les vieilles soupapes qu'elles soient des mines ou agricoles sont toujours intéressantes à redécouvrir!
encore MERCI Pierre!
a+
JP

Arrête, J.P., j'ai les chevilles qui gonflent, même que ça inquiète mon toubib !
C'est que j'en ai eu d'autres des passions... Tu ne préfèrerais pas des photos de mes voyages à Bali, au Pérou, en Afrique du Sud ou à l'Ouest des USA ? Ou l'ascension à vélo du Mont Ventoux ou du Col d'Allos ?
C'est bon, tu en auras des photos, mais ne t'étonne pas si celles des mines de charbon sont en noir et blanc, et même bien plus souvent en noir qu'en blanc...
A bientôt
Pierre

bonsoir
Tant qu'on a des passions, on va bien !
ce sont ceux qui n'ont pas de passions qui sont à plaindre !
malheureusement, si on en a trop on ne peut toutes les assouvir !
Ne t'inquiètes pas pour la couleur , je me souviens qu'a l'école primaire , il fallait que je mette le charbon dans le poêle et je me souviens aussi du tas de boulets sous le préau ....
A+
JP

bonsoir
un sujet passionant
vivement les photos
mon arriere grand pére était mineur
dans une mine a coté de chez moi a saint cierge la serre
on a gardé sa lampe
c'était une petite mine de plomb argentifére
je mettrai quelques photos prochainement

Le plus simple serait d'aller directement sur http://apphim.fr/, mais on ne demande pas à ses invités d'aller se servir, on leur passe les plats un à un. Alors, pour commencer, les amuse-gueules !



Petite réparation ou simple contrôle, ça se passait à plusieurs centaines de mètres de profondeur, dans une galerie des Mines de Lens-Liévin (62) où ont tracté des berlines de charbon plus de 130 locotracteurs Berry comme celui-ci, sans compter les autres modèles de ce constructeur et ceux de différentes marques.
Ce modèle 3735 T2 était équipé d'un moteur diesel Piquand PT2 de 30 ch, d'une boîte à 3 vitesses av/ar et avait une masse de 6 tonnes. Il était répandu dans quasiment toutes les mines de charbon ou de minerais de l'Hexagone, d'Afrique du Nord, d'Indochine, mais aussi les carrières, brigueteries, tuileries, et bien d'autres. A 4 km de chez moi, un type en avait un dans son jardin mais s'en est défait. Dire que je ne l'ai su qu'une fois la vente réalisée... J'aurais tant voulu l'examiner de plus près afin de l'identifier, mais il restera toujours un inconnu, à moins que... Une chose est sûre, c'est qu'il provient du même secteur que celui ci-dessus !



..

migoo a écrit:bonsoir
un sujet passionant
vivement les photos
mon arriere grand pére était mineur
dans une mine a coté de chez moi a saint cierge la serre
on a gardé sa lampe
c'était une petite mine de plomb argentifére
je mettrai quelques photos prochainement

Peux-tu donner des précisions ? Je n'ai rien trouvé sur Saint-Cierge-La-Serre, mais peut-être veux-tu parler de Penarroya à Largentière ?

hé hé , voilà un sujet intéressant ! je n'ai pas travaillé dans les mines,mais j'ai travailler pour une entreprise qui transportait le minerai extrait de mines (le kieselgur) c’était à petite échelle ,une cinquantaine de mineurs ,les wagonnets étaient poussés à la main et vidés par retournement dans les trémies : donc j'ai vu le boisage ,le calage ,la pose des rails ,l'éclairage à la lampe acétylène ... pour MIGOO ,le grand père à mon épouse m'a beaucoup parlé de la mine de la joie et de celle de flaviac , c'était lui qui faisait le vaguemestre ,de la mine de la joie à la poste de Flaviac (à pied !!! ) pour ceux qui connaissent le coin ,fallait pas avoir mal au jambes !!! ,l'anecdote qu'avait plaisir à me rappeler ce brave homme : au retour de la guerre en 1918 j'ai repris le boulot à la mine ,quelques temps après les mineurs se sont mis en grève pour l'amélioration des conditions de travail et des augmentations de salaire , hé bien ils y sont encore aujourd'hui !!! bricoulou 07

Bonsoir
Etant du même coin que Migoo et Hervé, mon père m'a aussi parlé des mines de la Joie....va falloir que je lui pose des questions et profiter de sa bonne mémoire à 92 ans !
en attendant :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_de_Saint-Cierge-la-Serre

http://www.pascalblachier.com/2011/06/saint-cierge-la-serre-ancienne-mine-de.html

a+
JP

salut
mine d'antimoine qui redescendait sur la voulte le pour les fonderies ca servait de fondant dans les haut fourneaux
c'était une toute petite exploitation qui s'est arrété pour inondation .il me semble en 1906
pour les dates il faut que je demande a mon pére
une machine a vapeur actionnait des broyeurs pour broyer le minerai ainsi que des pompes car l'eau était rare .
le site est encore visible quand on emprunte la route de saint cierge a privas
on voit encore les traces de l'exploitation avec les bassins de décantation le batiment de la machine a vapeur le batiment administratif la cantine
avec un peut d'habitude on trouve asser facilement des morceux de minerai
il y a eut d'autre exploitations mais plutot sporadiques autour de chez moi
mine de lignite a saint michel de chabrianoux
baryum sur la commune de pranle
c'est tout pour ce soir je me renseigne un peut plus et vous mettrait quelques photo bientot
cordialement migoo

Re...
Je viens de regarder les sites proposés par JP et ça m'a remué un souvenir datant d'une quarantaine d'années ! Venant de Privas pour me rendre à St-Fortunat-sur-Eyrieux, j'ai eu la mauvaise idée de prendre un "raccourci" à gauche au lieu de pousser jusqu'au Pouzin. C'était l'automne, il faisait sombre et je me suis retrouvé sur une route à flanc de pente très abrupte et où deux voitures ne pouvaient pas se croiser. J'en parle souvent depuis, n'ayant même pas ressenti une telle impression d'isolement dans la Vallée de la Mort entre Névada et Californie.
Franchement, les mineurs qui y ont vécu et travaillé ont dû se demander si l'enfer n'était pas en Ardèche...

Migoo et moi (Migoo plus que moi !) , nous connaissons bien ton "raccourci" !!!! d'ailleurs si tu passes chez Migoo c'est la même chose !!!!

a+
JP

Bonsoir
Migoo tu cites une mine de lignite a Saint Michel de Chabrillanoux ....je n'étais pas au courant....
Je m'en vais creuser de ce côté-là !
a+
JP

Je passerais volontiers à Manduel que je ne remettrais plus jamais les pieds... enfin les roues sur ce serpent de la mort !

Fais gaffe, JP, le coin est rempli de croix...

Et puisque l'on parle de l'Ardèche, parlons de Boucieu-le-Roi où se trouve depuis quelques années un locotracteur Berry pour lequel j'ai mis des années à trouver ses origines et ce qu'il est devenu.
Il s'agit d'un Berry 4735 T2 de mêmes caractéristiques que celui plus haut mais avec châssis extérieur aux roues. Voici son parcours chaotique :
- Construit en voie de 50 cm pour les Houillères de la Loire, mine de La Ricamarie, il a ensuite été porté à 60 cm d'écartement pour aller à la Mine Couriot à St-Etienne (42).
- Envoyé par la suite aux Houillères du Dauphiné pour la mine du Villaret (près de La Mure - 38).
- Racheté par les Tourbières de l'Herretang à St-Laurent-du-Pont (au pied de La Chartreuse - 38).
- Récupéré par des passionnés de trains qui lui ont adapté un moteur essence de Citroën ID 19, un capot et une cabine, il circule depuis sur la voie de 60 cm qu'ils ont chez eux à Boucieu-le-Roi (07).
Voici les photos montrant les différentes étapes :

Le locotracteur grosso modo tel qu'il était à l'origine aux mines de la Loire et du Dauphiné.
url=https://servimg.com/view/16063723/48][/url]
Locotracteur immobilisé (moteur fendu) à la fermeture des Houillères de l'Herretang. Celui derrière a une autre histoire.

Locotracteur finalement arrivé à Boucieu-le-Roi où il a repris du service.

Le second loco marqué 33 a eu le même parcours jusqu'à Boucieu-le-Roi, mais il est de conception alourdie (plaques latérales). J'en ai d'ailleurs retrouvé trois autres de la même série, dont un à Firminy (42), un à La Motte d'Aveillans (38) et le dernier à Sémur-en-Vallon (72) qui avait été récupéré en région parisienne.
Il est maintenant à Bon Repos (22) où il sera restauré pour servir sur un circuit touristique.

Son alter ego au Musée de la Motte d'Aveillans près de La Mure (38)

Celui n° 33 démonté et arrivé à Boucieu-le-Roi, juste avant de partir dans les Côtes d'Armor.

Le fait d'avoir retrouvé ces deux machines et de savoir qu'elles revivront encore quelques années m'a récompensé des dizaines d'heures passées à les rechercher et des centaines de kilomètres parcourus. J'ai revu le premier en juillet 2015 et j'ai bien l'intention d'aller découvrir le second dans le milieu de 2016 en allant voir mon fils en Bretagne.

Les deux locos ci-dessus font 30 ch. Celui ci-dessous est le "grand frère" du n° 33 et fait 50 ch (moteur Piquand PT4). Tractant sur voie de 525 mm au fond d'une mine de Provence, il y est probablement resté lors de l'ennoyage des puits. Pourvu qu'ils aient pensé à remonter le conducteur...

bonsoir
et merci pierre 1942 de nous faire partager tes photos et ta passion
A+

Merci pour ces explications sur du matériel peu connu

Je dois avouer que si j'ai toujours eu la passion du matériel, surtout celui pour lequel j'ai été responsable du service après-vente. Celle de la mine m'est venue assez récemment, et beaucoup grâce à l'association APPHIM dont le président et le secrétaire ont ça dans les tripes ! Comment ne pas avoir envie d'apporter son concours et ses connaissances à des personnes qui donnent l'essentiel de leur temps libre pour que perdure la mémoire des hommes sans lesquels l'énorme évolution industrielle des deux derniers siècles n'aurait pas eu lieu ? Et si le siège de l'association est à Courrières (1109 morts le 10 mars 1906), ce n'est pas par hasard car c'est surtout parce que le Nord-PDC fut la région qui produisit à elle seule la bagatelle de 2,4 millards de tonnes de charbon. Avec 852 puits et 100.000 km de galeries (2 fois 1/2 le tour de notre planère), le pays des chtis a permis à des mineurs de toutes nationalités d'extirper de ses entrailles plus de la moitié de toute la production de houille de notre Hexagone. Il n'y a pas de quoi en tirer une gloire, mais ça explique pourquoi on y parle plus de cette région que de Blanzy ou de la Mure.

Un siècle et demi sépare ces deux photos ! Chose bizarre, c'est que la première date de l'époque où le charbon rapportait de l'argent à son concessionnaire (sans pour autant dire que la situation du gosse était acceptable ni même qu'il percevait son juste dû), tandis que la seconde a été prise alors que ce même charbon était vendu entre le quart et la moitié de son prix de revient, la différence étant payée par les contribuables...

Mêmes différences d'époques et de technologies et aussi, hélas, de résultats financiers, mais pas du tout les mêmes investissements : où est l'erreur ?

salut a tous
une des rare photo des mines de la joie
antérieure a l'installation de la machine a vapeur


les lampes




pour jp a saint michel de chabrianoux les mines de lignite étaient quartier viazac

Production et rendement ! Voilà les maîtres-mots de l'époque du charbon (comme pour toutes les mines et carrières). Alors, quand un matériel tombait en panne, il fallait vite le remettre en route, ou sur rails comme les locos ci-dessous.


Loco diesel Berry 3789 K4 en vérification de bielle au Puits Simon des H.B.Lorraine.

Loco diesel Ruhrthaler sorti de la voie de 684 mm au Puits Simon des H.B.Lorraine.