Fiat, Alfa, Lancia ... le temps des mille pattes Italiens

Bonjour à toutes et à tous !

Dernièrement, je suis tombé sur une photo d’un Fiat 690. Je me souviens d’un séjour en Italie début 80 et ces camions italiens m’avaient surpris. On ne voyait passer que des essieux.



Sur FranceRoute, j’avais lu la raison de cette configuration ou plutôt la fin de la législation qui entrainait celle-ci. Le titre parlait de la fin des dinosaures. J’ai recherché un peu et, effectivement, cela a constitué une tranche de vie des chauffeurs italiens. Wilki en fait un résumé sur la page du Fiat  690 :

"Rappel des règles du code de la route sur les poids et mesures en vigueur en Italie à partir de 1960 :
Les camions de cette époque maintenaient une charge à l’essieu limitée à 10 tonnes sur les essieux jumelés et 4 tonnes sur les essieux simples, ce qui autorisait :
14 t pour un 4x2, 28 tonnes avec une remorque à 2 essieux, 32 tonnes avec remorque à 3 essieux,
18 t pour un 6x2 inversé, 36 tonnes avec une remorque à 3 essieux, 40 tonnes avec une remorque à 4 essieux,
26 t pour un 6x4 et 30 t pour les véhicules de chantier, 50 t en convoi exceptionnel
22 t pour les 8x2, 44 t avec remorque à 4 essieux,
32 tonnes pour les semi-remorques de route, tracteur 4x2 et semi à 3 essieux deux jumelés le troisième simple autodirecteur, 35 tonnes pour les véhicules de chantier
44 tonnes pour les camions et remorques en version 4+4 essieux, motrice 8x2,
50 tonnes pour les véhicules de chantier avec tracteur 6x4 et semi à 2 essieux jumelés.
Les nouvelles règles permettaient d'augmenter le nombre d'essieux en passant de 5 précédemment à 8. La remorque respectait les mêmes règles que le porteur et permet de doubler le PTR pour atteindre 44 t pour un 8 essieux.

Un porteur à 2 essieux ne peut tracter une remorque à 4 essieux chargée à 22 tonnes. Dans le cas des semi-remorques, la charge quelle que soit la combinaison tracteur 4x2 ou 6x2/2 et semi 3 ou 2 essieux, le PTRA ne pouvait dépasser les 32 tonnes.




Ceci explique pourquoi les transporteurs italiens ont plus que boudé la solution semi-remorque pendant des décennies, jusqu'en 1975, année où leur nouveau code a relevé cette limite de 32 à 44 tonnes comme pour les camions remorques, à condition de disposer de 5 essieux, tracteur 4x2 ou 6x2/2 ou 6x4 et remorque 3 essieux, 2 jumelés et un autodirecteur simple ou 2 essieux tandem jumelés. " (source Wikki)

Les camions Italiens étaient surnommés les mille-pattes. Fiat est donc resté longtemps sans trop de concurrence car la configuration des autres pays tournait plus autour du tracteur 4x2 et de la semi 2 essieux jumelés. Les autres marques ne devaient pas voir l’intérêt de produire des 4 essieux pour un marché « locale ». Certains pays favorisaient les porteurs 4 essieux mais sans doute pas au mêmes restrictions de tonnage. C’est peut-être moins vrai pour les remorques 4 essieux mais ça reste à voir.






Autre particularité, la puissance des moteurs. Le moteur  L6 Fiat 203 6 cyl développe 150 Ch et ne dépassera pas les 180 CH avec un turbo mal « vu » par les utilisateurs . Un autre moteur apportera les 220 Ch mais il sera boudé et même remplacé par l’ancien moteur remanié pour les véhicules de chantier.
L’explication : il développait sa puissance à 1900 tr/mn alors que le nouveau atteignait les 2500. Le Berliet TLM disposait sensiblement de la même puissance (150 Ch) mais ne tractait que 35 T. Le 690 en version porteur remorque 8 essieux montait à 44 T. Il y parvenait grâce à un couple attteint à 900 tr/mn qui est resté dans la mémoire de tous ceux qui l’on conduit. Il ne s’essoufflait jamais même dans les routes pentues du nord.



Dernière « étrangeté », les camions Italiens étaient tous en poste de conduite à gauche. Il fallait que le chauffeur soit placé au mieux pour suivre le passage de ses roues dans les routes abruptes du Nord (côté pente autant que côté falaise) et pour longer les voitures garées et autres.



On n’en finirait pas : les 4 essieux ne sortaient pas des chaines Fiat. Le constructeur prévoyait un châssis long  avec les emplacements des fixations (derrière le pont moteur). Il incombait à l’acheteur de faire installer le 4ème essieu. Les carrossiers ne manquaient pas … C’était la caractéristique de l’économie Italienne de cette époque : la sous-traitance.

Fiat n'avait pas le monopole. Lancia faisait sa part



Des petits porteurs mais aussi quelque 4 essieux :


Alfa roméo a également participé :

un Alfa Roméo 500 de 1937




Celui-là aurait fait tourner des têtes :



Mais ce n'est qu'un dessin, d'un styliste Coréens de surcroit.

Et quand ces monstres tombaient en panne :

A l'italienne !

A bientôt !

Jean-Noël

Bonjour,

Le nombre d'essieux ++ permettait peut-être de moins dépenser des sous pour l'entretien des routes?
Pourquoi la conduite à DROITE? L'harmonisation Europe n'existait pas encore!
Belle "gueule" ces bahuts!
JJR24

J'ai un héritiers des bêtes de ces année là.



Il n'est que de 1990. Mais la cabine est d'origine des Unic. Avec un p'ti relooking avec une calandre plus actuelle du moment.

Les mécaniques Ritals.  Un catastrophe au niveau carrosserie.  Mais des gros poumons.
13,7 litres pour le mien.
Un avantage indéniable pour les chantiers et routes de montagne.
Mais bonjour la pompe   !   !   Et j'vous en cauZe même pÔ par ces temps qui courent...    .


Aussi...  La préoccupation des charges à l'essieux.
Là ou on ne les attend pÔ vraiment.  C'est les Américains.
Il sont très stricte là dessus.

Leurs façon d'appréhender le truc.



hééééé si si.
L'essieux en l'air est bien un essieux porteur.
Ce n'est pas une remorque.
Et tant qu'il y a de la place pour mettre des essieux sous le ventre, on augmente la charge   !

Le 190-30, normalement 19 t et 300 Ch ...

Quand le V8 de 380 Ch est sorti ils on fait un essai sur France Route. Pour un trajet Lille - Marseille ou 1300 Km, les cylindres parcouraient moins de distance que le camion sur la route. Le moteur entraînait le plus long rapport sans broncher et le moteur tournait presqu'au ralenti.

Je me demande si ce n'était pas plutôt le 420 (?)

Aux USA il y a des états qui permettent ce genre de montage mais ils transportent localement, souvent des camions TP.

A bientôt !

Jean-Noël

Bonsoir,

Les méninges ont travaillé dur !

Landozoor_2, joli bahut dont le pont touche le sol!
JJR24

Bonjour
Pour avoir travaillé 5 ans chez IVECO, fin des années 90 début 2000, j'ai eu droit de travailler sur le V8, beau moteur, et bien sur sur les fiat en fin de carrière, les mécaniques ne posaient pas de problèmes particulier, mais la carrosserie cabine une catastrophe, et la cerise sur le gâteau le réseau électrique , là il m'est arrivé de m'arracher les cheveux, mais néanmoins j'en garde un bon souvenir, un truc aussi qui était a mes yeux pas vraiment au point sur les gros c'était les freins arrières qu'il fallait régler avec une clef à la con, fallait pour cela un peu de dextérité, pour le moins , puis les freins a disques sont arrivés, et là que du bonheur,

mercade a écrit:.... un truc aussi qui était a mes yeux pas vraiment au point sur les gros c'était les freins arrières qu'il fallait régler avec une clef à la con, fallait pour cela un peu de dextérité, pour le moins...

De même.
Dans la culture mécanique PL, le réglage des freins, c'étais les levier à régleurs.
Et Bhouuuuu ! L'affreux Ivéco qui n'est pas exactement comme les autres.
Moi non plus ca ne m'a jamais posé vraiment de problème.

Juste qu'avec le mien. En 4X4. Il y a les réducteurs dans les moyeux AV. Et quand ca fuite l'huile, ca me pourrit les freins ! !
Ils n'aime pÔ au contrÔle technique !

Bonjour,
C'est sans doute la réglementation qui fait qu'en Suisse on voit maintenant des camions avec 5 essieux: 2 simples à l'avant et 3 jumelés à l'arrière.

Bonjour,
ah les milles pattes italiens et surtout les Fiat 690/691, ça me rappelle quand on était dans les alpes et qu'on les croisait, c'était impressionnant,
déjà je les reconnaissais à leur sonorité bien particulière, le grondement du Fiat 203 et du 8200 pour le 691 qui résonnait contre les parois montagnardes, puis la bonne odeur de diesel brûlé qui était accompagnée d'une légère fumée grisâtre sortant de l'échappement... Et puis la boite de vitesse Fiat non-synchronisée, indestructible mais fallait pas faire gratter pour un sou ou les conducteurs italiens venaient te tirer les oreilles.
Quand je partais voir ma famille en italie, je me rappelle la peur que j'avais lorsqu'un 691 passait en ville, tout tremblait sous son passage.
Maintenant c'est de l'admiration que j'éprouve quand j'en vois un.
Un autre petit défaut de ces camions c'était que si le conducteur était peu expérimenté, il pouvait bloquer le dernier essieu directeur du camion et alors à remettre à la normale c'est pas ce qu'il y a de plus jouasse à faire.
On avait appelé les Lancia Esatau B "Le téléviseur" ou "la cabane au Canda" à cause de sa cabine aux formes si particulières.
Et puis l'Alfa Romeo 1000 était simplement appelé "La Mille"
Pour finir il y a encore une autre marque de camion italien qui n'a pas été mentionné... je parle bien évidemment de OM. Qui a fabriqué notamment 3 camions des plus connus en Italie:
L'Orione, OM Super Orione, OM Titano 1 et 2.
L'OM Orione est le premier camion à cabine avancée de OM et le Super Orione est une version plus approfondie de l'Orione avec un moteur ... V8 de 200ch.
Quand au Titano 2 (Le Titan), il était propulsé par un 6 en ligne Turbocompressé (rare dans ces années là en Italie) qui atteignait la puissance de 260ch.
Malheureusement ces camions n'ont pas pu voir les routes Française qui à l'époque supportaient un PTC de 26 tonnes alors que ces camions était conçus pour le double!
Le dernier des milles pattes italiens est le Fiat 180NC qui a effectué la transition des camions italiens lourds après 1975, période voyant la fin du poste de conduite à droite, du changement de charge à l'essieu
( favorisant pour le coup les semi-remorques)etc.
Il conserve le châssis et la chaîne cinématique du 691 avec un moteur porté à 260ch et une cabine H amélioré en terme de confort. Il possèdera aussi l'option d'une boite de vitesse avec "splitter".

Bonjour à toutes et à tous !

Merci Lucas pour ce témoignage. Tu serais passionné que ça ne m'étonnerait pas !

Garde la intacte cette passion.

A bientôt !

Jean-Noël

Bonjour,

Oui, Jean-No, un plaisir de lire un épisode de l'histoire des transports! Peu écrite!
JJR24

Une belle page et j'ai eu la curiosité de regarder l'âge de Lucas. Elle me parait plus admirable encore !

A bientôt !

Jean-Noël

bonjour a tous
Ce que relate lucas15 est une page d'histoire exacte ou dans les années début 80 avec mon 38t en 260ch je me sentais tout petit a côté de ces monstres
Ce qui m'interpelle comme jean-no c'est l'âge de Lucas : a t'il vraiment 18 ans ?
il y a longtemps que ces ensemble on disparu des routes italiennes a part en collection
( anecdote )
les routiers du sud de l'italie montaient dans le nord avec des citernes amovibles chargées en vin ou autre
une fois vides , ils prenaient 30 t de ferraille... refixaient la citerne et se permettaient de la ou les recharger selon semi ou camion remorque pour redescendre dans le sud
...jusqu'à ce que le gouvernement interdise la pratique
A+
gilbert

Bonjours à toutes et à tous !

J'y ai en fait pensé. Peut-être que Lucas s'est trompé dans l'année de sa date de naissance. Et c'est l'ordi du site qui fait le calcul.

Peut importe, Il y a de vrais détails dans son histoire comme dans la tienne.

A bientôt !

Jean-Noël

Oui Oui j'ai bien 18 ans messieurs mais si j'en connais un peu sur le sujet c'est que j'ai la chance en Italie d'avoir de la famille qui restore et connait des collectionneurs qui font rouler ces vieilles bêtes de sommes. Et certaines de ces machines sont encore dans les Alpes à faire leur travail.
Je viens d'une famille de forestier où Iveco a était une des marques qu'on a utilisé pendant des années des vieux 190-38 et 48,330-35 et autres Magirus-Deutz-Iveco  4x4 232D26. Les Fiat, OM et Lancia on était une partie de mon paysage vu que je suis pas très loin de la frontière italienne avec les Alpes (et dont on en a utilisé certains en forêt surtout le OM Titano une des rares versions 6x4 des vieux camions italiens). Mais les plus beau moment là-bas c'est quand ils font les rassemblement de vieux camions où toutes les vielles perles sont réunis! J'y ai croisé des Saurer, même des berliets, vieux Scania et Volvo, un Bedford etc mais les milles pattes sont toujours mes préférés bien que connu par de vrais passionés de camions.
J'ai pu en conduire quelque uns et il faut avouer que nos anciens savait conduire, quand mon oncle m'a montrer comment ça se conduisait... surtout les 690/691 où double et voir même triple débrayage sont de sortis et pis le frein moteur à main qui était tout un art, comment on passe 1 ère haute à 2nd basse parce qu'il y a un"rythme" à respecter bref...
Et pour finir un camion italien que je surkiffe et qui est peut être pour moi un des plus beau camion du monde: Le Lancia 3ro

Bonjour à toutes et à tous !



Donc je répète : Garde ta passion intacte , elle est communicative.

Merci pour les photos. N'hésite pas à faire partager celles des rassemblements que tu visites.

On est friand de

Encore bravo !

A bientôt !

Jean-Noël

bonjour a tous
chapeau bas a Lucas
un jeune homme plein de talant capable de maitriser ces boites de vitesses
alors que bon nombre de professionnels en sont incapable
le 190-38 spéciale en série limité était magnifique
mes préférés turbo star 190 33 celui la devais être trop beau volé dans la région de milan jamais retrouvé
le 190 42 réglé a l'italienne a tortone on a fais 1 200 000 kms ensemble ensuite il été déclassé
en régionale
bon week-end a vous
gilbert

Bonsoir,

Bravo! Un plaisir de voir ces mille pattes!
JJR24