A) De la création en 1920 jusqu'au début de l'Après-guerre
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A) De la création en 1920 jusqu'au début de l'Après-guerre
La Société Anonyme BERNARD MOTEURS fut fondée le 26 avril 1920 par
Monsieur Auguste BERNARD et deux associés, Messieurs Louis BOUTEMY et
Emile DANCETTE qui, par voie d’apport, constituèrent le capital de départ
s’élevant à un million de francs.
Le siège de la Société fut fixé au 26-28 rue Henri Régnault à Suresnes dans des
locaux et terrains faisant partie des apports et qui comprenaient, en particulier, un
pavillon de 4 pièces construit sur un terrain d’environ 400 m² et un atelier construit
sur un terrain annexe de 590 m² environ.
Le matériel d’origine comprenait quelques moteurs électriques de 2-3 et 5 ch., des
courroies, poulies, transmissions, quelques machines non démontées dans les
actes mais d’une valeur d’environ 200.000 francs, un camion, un bureau, deux
tables, trois planches à dessin, trois armoires, trois chaises, deux fauteuils, une
machine à écrire et un poêle Godin.
L’idée principale de Monsieur Auguste BERNARD était de construire des moteurs
quatre temps à refroidissement par radiateur et qui, contrairement à ce qui existait
à l’époque, formeraient, par leur constitution, un ensemble compact pouvant être
aisément déplacé et disposant d’une autonomie réelle de fonctionnement. Par
exemple, à cette époque, il était fréquent que les moteurs soient équipés d’un
système de refroidissement qui nécessitait une surveillance attentive !
D’autre part, l’un des points recherchés était également d’arriver à construire des
moteurs d’un volume total se rapprochant le plus possible de celui des moteurs
électriques existants à l’époque, le but évident étant naturellement de pouvoir
remplacer, sans difficulté, l’entraînement d’une machine normalement équipée
d’un moteur électrique par un moteur thermique.
Le premier point conduit le 20 octobre 1927 au dépôt d’un brevet intitulé « Bloc
blindé » qui correspond à la réalisation totale du premier objectif que s’était fixé le
fondateur de la société.
Dès le début des activités, le succès encouragea Monsieur Auguste BERNARD et
ses collaborateurs dès la première heure.
En effet, le premier exercice se traduit par un résultat net de 38.300 Francs,
résultat qui n’ira qu’en s’amplifiant malgré la crise subie des années 1925-1926 et
1930. Le tableau, ci-joint, donnent l’évolution, de notre Société, des chiffres
d’affaires, résultat net, capital de la Société et réserves.
Dès 1923 des investissements importants dépassant 200.000 Francs sont
décidés. On relève entre autres dans cette décision, ce qui donne un aperçu des
conditions difficiles dans lesquelles devait travailler cette équipe de pionniers, qu’il
est prévu, pour la première fois, de chauffer l’atelier…
Dès 1924 est décidée la construction d’une nouvelle usine sur un terrain de 10.000
m², rue Gallieni à Rueil, là où se trouve encore actuellement l’unité de production
la plus importante de la Société, le siège social y sera transféré fin 1925.
Dès cette année 1925, le capital est porté à trois millions de Francs.
En 1926, la crise qui touche l’économie française s’abat également sur la Société.
Tous les appointements de tous les collaborateurs, ouvriers et employés,
techniciens, seront réduits à partir du 1er décembre de cette année, Monsieur
BERNARD renonçant à la totalité de ses appointements fixes, soit 2.500 Francs
par mois ainsi qu’aux redevances auxquelles il a droit sur le moteur K1.
C’est au cours de cette année qu’entre également comme actionnaire de la
Société, Monsieur GUINARD qui, parallèlement à l’entreprise de Monsieur
BERNARD, s’était lui aussi lancé dans la folle aventure : construire des pompes
centrifuges. Cette alliance devait fournir aux deux sociétés une complémentarité
qui eu pour résultat d’améliorer très sensiblement leurs résultats respectifs.
L’année 1929 marque un tournant dans la vie de BERNARD MOTEURS. En effet,
un budget de 2.200.000 Francs est décidé pour la modernisation des usines par
l’achat de machines outils modernes.
D’autre part est rachetée également une
entreprise concurrente fabriquant des moteurs de marque CONORD. Cet achat
est réalisé moyennant la somme de 8 millions de Francs.
Cette même année encore, pour consolider l’indépendance de la Société sur le
plan de la fabrication, est rachetée une fonderie à Givet pour la somme de trois
millions de Francs. Est également rachetée une société allemande BERNARD
MOTOREN à Frankfort sur le Main qui commercialisera en Allemagne les
fabrications de BERNARD MOTEURS. Enfin, de nouveaux terrains sont achetés à
Rueil pour l’agrandissement des usines.
En 1931, Monsieur Auguste BERNARD décide de ne prélever que 13 % des
bénéfices au lieu des 15 % statutaires, la différence de 2% étant attribuée au
personnel. Il est également décider de rembourser aux employés et ouvriers,
encore présents dans la Société, ce qui leur avait était retenu sur leurs salaires
depuis le 1er décembre 1926. Un paragraphe de Conseil d’Administration précise :
« Pour les femmes qui ont quitté la maison pour leurs couches mais dont le mari
serait resté à l’usine, le remboursement serait également fait ».
A cette même époque est engagée la construction de bâtiments destinés à la
chaudronnerie et à l’achat de machines pour plus d’un million de Francs.
Début 1932, création de la succursale belge à Bruxelles pour la vente des
fabrications CONORD.
En 1933 la succursale belge dite « Agence belge » se verra adjoindre également
la vente des fabrications BERNARD MOTEURS. Cette même année voit une
extension de l’usine par l’achat de terrains de 1.250 m². Il sera également décidé
le 14 avril 1933 de créer une société anglaise ayant pour objet la fabrication, soit
par elle-même, soit par toute autre firme, et la vente des moteurs BERNARD et
CONORD.
A cette même époque, étant donné l’importance des réserves bancaires (douze
millions de Francs), le conseil d’Administration décide de prélever cinq millions
pour l’achat de moitié en billets, moitié en monnaie or, contre valeur de :
- 1.200.000 Francs en livres Sterling
- 700.000 Francs en Dollars
- 1.350.000 Francs en Francs Suisses
- 1.350.000 Francs en Florins Hollandais
- 400.000 Francs en Marks Allemands
Étant bien précisé qu’un quart de l’ensemble sera conservé en France et les trois
quarts à l’étranger.
Le 17 novembre 1934, décède Monsieur Auguste BERNARD.
_ . _
La période de 1920 à 1934 fut marquée par le dépôt de nombreux brevets dus à
Monsieur Auguste BERNARD. Nous pouvons citer entre autres :
- Perfectionnement aux moyens pour court-circuiter le circuit primaire des
magnétos d’allumage.
- Pare gel, perfectionnement pour empêcher l’éclatement des réservoirs d’eau
sous l’influence du gel.
- Radiateur en V.
- Locomobile, unités motrices transportables sur roues.
- Tracteurs
- Capotage pour amélioration de la circulation de refroidissement.
- Perfectionnement de carburateurs.
- Soupape souple.
Durant cette époque, la rigueur et la discipline à l’intérieur de l’entreprise, était très
stricte. L’ensemble du personnel, y compris Monsieur Auguste BERNARD était
astreint au pointage quotidien, ainsi que les membres de la famille qui y
travaillaient.
Un procès- verbal du conseil d’Administration du 1er mars 1934 fait état d’un projet
de délibération suspendant deux administrateurs durant deux mois suite à une
faute professionnelle.
Les exigences du travail étaient telles que l’usine était couramment appelée « le
bagne ». Toutefois, le respect du personnel par toute l’équipe dirigeante,
l’acceptation par tous d’une discipline sévère, mais équitable, les salaires élevés et
l’humanisme ambiant faisaient que les ouvriers débutaient et finissaient chez
BERNARD-MOTEURS.
Le 21 novembre 1934, Monsieur Frédéric BERNARD, frère d’Auguste BERNARD,
est nommé président du Conseil d’Administration.
Le 15 janvier 1935, Monsieur Jacques BERNARD, fils d’Auguste BERNARD, est
nommé administrateur.
Le 29 mars 1935, devant la situation politique en Allemagne, est décidée la
liquidation de la Société BERNARD MOTOREN de Frankfort.
Le 26 avril 1935, Le conseil d’administration décide de prendre en charge, mais à
titre d’avance, les frais inhérents à la succession de Monsieur Auguste BERNARD,
soit environ 2.500.000 Francs. Cette somme sera disponible en réalisant une
partie des devises en or. Elle sera remboursable en vingt ans sans intérêt par
Madame Auguste BERNARD.
L’année 1935 marque à la fois la crise, 18 999 moteurs vendus contre 21 222
l’année précédente mais aussi une progression de 14,4% en nombre
d’actionnaires parmi le personnel augmente. Sur un personnel de 560 unités,
430 sont actionnaires, soit 78 % Le baromètre de la confiance, quelles que soient les
circonstances économiques, reste au beau fixe.
Le 17 juillet 1936 sont décidés :
- Le maintien de la prime d’ancienneté,
- L’octroi de congés, jour fériés :
- 12 jours après un an de présence
- 15 jours après 5 ans de présence
- 18 jours après 10 ans de présence.
Deux collaborateurs de la première heure vont quitter la Société. Il leur sera
attribué une prime de départ de 125.000 Francs.
L’exercice 1935/36 marque une nette progression, 22 275 moteurs(contre 18 999).
Sur le plan social, en 1937, est décidé le doublement des indemnités dues suite
aux dispositions du contrat collectif en ce qui concerne les arrêts pour maladie ou
accidents. Les périodes militaires seront rémunérées à 50 % pour le personnel
horaire.
Sur le plan fabrication, les Diesel et les écrémeuses commencent à prendre une
part sérieuse.
Le 24 mars 1937, devant la hausse des salaires et des matières premières, une
hausse moyenne de 5 % est décidée sur les prix sauf à l’exportation.
Une nouvelle hausse de 3 % sera inévitable le 10 septembre 1937.
En novembre 1937 est érigée une plate-forme couverte permettant des
démonstrations immédiates aux clients de passage.
Un accord de garde des doubles de modèles métalliques est conclu avec la
fonderie de PONTCHARDON (ORNE) avec, en contrepartie, une commande de
100/150 tonnes annuelles.
En mars 1938, pour parfaire l’échéance, est vendu un million de francs de devises
étrangères, puis 855.000 francs en avril, puis 700.000 en mai.
Le 5 mai 1938, Monsieur Jerachmiel SOLOMIANIC est nommé membre du conseil
de Direction « en récompense de bons et loyaux services ».
Le 1er juin 1938, 1.020.000 Francs en devises sont vendus.
Le 1er décembre 1938 est décidé le repli de la fonderie de Givet à Saint Satur, la
Société rachetant 12 134 actions sur les 18.000 composants le capital de la
fonderie Ets DUBARRY, actions acquises à 207 Francs.
Des travaux d’agrandissement de cette fonderie, pour un montant de 584.000
Francs sont décidés le 1er février 1939.
Le 24 mars 1939 est réalisée la fusion entre les deux sociétés.
Le 3 septembre 1939, la France et le Royaume-Unie déclarent la guerre à
l'Allemagne.
BERNARD-MOTEURS était alors représentée en Argentine par la Société HAYD
et HINTZPETER, ressortissants allemands. Le 28 septembre 1939, le conseil
d’Administration décide la création d’une filiale qui sera dirigée par deux membres
de la Société.
En novembre 1939 est décidé l’aménagement, à Saint Satur d’un atelier d’usinage
d‘obus.
Le 28 janvier 1941 est décidé l’achat du département « Moteurs Thermiques » de
la S.A. « Etablissements JAPY Frères »pour 3 500 000 Francs.
Le 31 mars 1942 est décidé l’achat de l’Etang des Hirondelles, appelé
couramment Ballancourt et destiné aux œuvres sociales.
Le 7 décembre 1942, une ferme de 17 ha est prise en sous location, dite ferme de
Montbrieux à Guérard (Seine et Marne) dans le but de favoriser
l’approvisionnement de la cantine et de la coopérative. Le loyer est de 2.5 quintaux
à l’ha plus un appointement annuel de 60.000 Francs au métayer.
Le 29 décembre 1944, monsieur Jacques BERNARD est nommé Directeur
Général.
Le 13 mars 1945, Monsieur Frédéric BERNARD démissionne de ses fonctions de
Président Directeur Général. Jacques BERNARD est nommé en remplacement
Monsieur Frédéric BERNARD quittera définitivement la société le 8 janvier 1946.
Durant cette seconde phase de la vie de la société, même pendant les années de
guerre, l’entreprise s’est constamment étendue, acquérant tous les terrains
disponibles autour des usines, et agrandissant ses constructions, améliorant ses
moyens de production.
La tradition créée par Auguste BERNARD de distribution d’actions gratuites au
personnel, au titre de gratifications, s’est toujours poursuivie. De même que
l’ambiance de travail tout à la fois de juste compréhension des problèmes humains
et de rigueur et d’autorité, sinon d’autoritarisme, le personnel mobilisé ou
prisonnier (leurs familles) ont toujours été aidés matériellement. Malgré toutes les
difficultés nées de la crise et du conflit mondial, la Société n’a cessé d’espérer,
d’entreprendre et de réussir.
1944 va marquer l’évolution des filiales.
Bruxelles
Perte de 180.000 Francs en 1944
Perte de 120.089 Francs en 1945
Bénéfice de 3.210.065 Francs en 1946
A partir de cet exercice, cette filiale sera toujours en bénéfice, s’octroyant une
place prépondérante sur le marché belge.
Buesnos Aires
Bénéfice de 1.453.836 Francs en 1945
Bénéfice de 3.447.642 Francs en 1946
Les bénéfices d’exploitation cumulés de la filiale belge et argentine s’élèvent
En 1947 à 17.320.646 Francs
En 1948 à 30.788.303 Francs
En 1949 à 30 960 692 Francs
Par suite des difficultés d’importation en Argentine dues à une stricte
réglementation douanière, le bénéfice d’exploitation étranger retombe :
En 1950 à 11.247.818 Francs
En 1951 à 15.676.653 Francs
En 1952 à 13.292.004 Francs
Cette période de 1944/45 à 1952 va se caractériser par des faits très importants.
Nous avons souligné combien la pensée directrice du fondateur de la Société était
totalement axée sur le moteur à refroidissement à eau.
Déjà, le rachat des moteurs thermiques JAPY avait entrouvert la porte aux
moteurs à refroidissement à air.
L’évolution rapide des techniques pendant la guerre amena à une révision totale
des conceptions de construction des moteurs thermiques. Diverses raisons
militèrent en ce sens :
- Lutte contre le poids des moteurs en fonte.
- Meilleur prix de revient des moteurs en alliage léger.
- Nouveaux débouchés dans la motorisation de matériels agricoles
nécessitent des volumes et des poids plus réduits.
- Nécessité de modernisation et d’accroissement de la production.
Il en résulta l’étude et la fabrication du premier moteur BERNARD MOTEURS à
refroidissement par air, le W10 d’une puissance de 3.72 CV à 2500 t/m qui va
sortir en 1947.
La Société passera alors trois années extrêmement difficiles dues, d’une part à la
mise au point de ce moteur, qui dérivé en W110, est devenu et resté jusqu’à ce
jour, le véritable cheval de bataille de la marque.
La reconversion totale des moyens de fabrication, la difficulté de faire admettre par
la clientèle le passage d’une gamme périmée, certes mais d’une qualité
irréprochable, à une nouvelle fabrication faisant « sa maladie » ont, entre les
problèmes commerciaux conduit à certaines difficultés financières aggravées par
un manque de rigueur dans la gestion.
D’autre part il faut alors faire face à un énorme endettement :
Fin 1951 925.057.000 Francs
C’est en 1951 que notre Société prend une très large participation dans la S.A
AUSTIN en vue d’utiliser les moyens de production de son usine de Liancourt.
De même dans La Société des moteurs SALMSON et dans un petit établissement
rue de Verdun à Boulogne.
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Tracteurs : W0 Bis, W110, W110 Bis Armée embrayage centrifuge, CONORD F810, F18A, 239A, W318A, 318.C, 318A BM NI, 217, 217 Groupe électrogène, 4 ACR, R1, Armée 318A
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» D.F.P. ABEILLE en 1920
» Un MAC CORMICK 1920
» B) Exercices de 1920 à 1934
» Tableau de Datation de 1920 à 1934
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