CLAEYS

CLAEYS NKT

Avec le Claeys NKT, nous vous présentons un tracteur belge. Beaucoup d’entre vous, sans doute, ne savaient même pas qu’en Belgique existait une production riche de tracteurs ! Aussi l’entreprise Claeys de Zedelgem ( le fabricant de la première moissonneuse batteuse automotrice en Europe) avait un jour construit des tracteurs. Ils n’étaient en effet qu’accessoires, car le plus gros de la production concernait des batteuses et, plus tard, des moissonneuses-batteuses. Leon Claeys (1879-1966) est le fondateur de l’entreprise, mais nous avons lu sur quelques anciens fascicules que la “maison Claeys” existait déjà en 1748. Leon a commencé sa carrière comme fabricant de vélos, futurs Flandria, mais son cœur l’attirait vers l’agriculture. Jeune homme, il partit pour Hennef, en Allemagne, où il apprit, auprès de Jacobi, à réparer et à construire des batteuses. En 1903, il ouvrit à Zedelgem une filiale de Jacobi, mais il souhaitait surtout construire ses propres batteuses. En 1906, il créa à l’adresse existante la “Maison Leon Claeys” et, quatre ans plus tard, le premier hall de construction apparaissait. En 1913 vint s’ajouter une fonderie et l’entreprise fabriqua des manèges, qui trouvèrent également un débouché à l’étranger. Claeys construisait aussi des batteuses stationnaires, entraînées par ces manèges. L’entreprise fut confisquée en 1914, lorsqu’éclata la Première Guerre mondiale, mais les emplois furent restaurés après la guerre. La production de batteuses fut relancée et l’on introduisit de nouveaux modèles. Tout de suite après la guerre, on produisit aussi des moteurs à essence monocylindres et bicylindres à régime lent, refroidis à l’eau, d’une puissance comprise entre 5 et 15 ch et surtout utilisés pour entraîner de petites machines. Après celle des moteurs à essence vint l’époque des moteurs semi-diesel, refroidis par évaporation. Le plus petit avait une puissance de 6 à 7 ch et le plus gros une puissance de 25 à 30 ch. En 1930, Claeys entama la production de moteurs diesel, une évolution logique après le succès des moteurs semi-diesel. Il faut préciser que, pendant sa jeunesse, Leon Claeys était ami avec Rudolf Diesel (1858-1913). Claeys construisit des moteurs diesel à quatre temps de un à quatre cylindres, utilisés en agriculture, dans l’industrie, dans la construction et dans la marine. Louis Claeys, le fils de Leon, entra à vingt ans dans l’entreprise, où son père le nomma chef de la production de moissonneuses-batteuses. En 1932, il introduisit sa première batteuse “Modèle 42”. La machine fut adaptée en 1936 et reçut alors les noms de “V1” et “V2” (un choix malheureux, comme le montrerait l’avenir). Après la guerre, la cour martiale – dont les membres, à l’époque, connaissaient mal le néerlandais – trouva parmi les dossiers confisqués des documents portant ces deux noms. Il ne faisait donc aucun doute que, pendant la guerre, Claeys avait produit ces machines pour l’ennemi. (Pour les plus jeunes d’entre nous: les V1 et V2 étaient ce qu’on a appelé les “bombes volantes” qui, vers la fin de la guerre, ont semé partout la mort et la destruction). 1937 vit l’introduction d’une machine de récolte du lin, dont 300 exemplaires furent livrés en France dès l’année suivante. En 1940, lorsqu’éclata la Seconde Guerre mondiale, l’usine fut occupée par l’armée et on y répara notamment des avions. Après la guerre, on y développa les premières moissonneuses-batteuses traînées. Le premier prototype fut testé à Dudzele dès 1949, dans le champ de froment d’Aimé Vande Ryse, agriculteur et bourgmestre de la commune. En 1951, Claeys entama, sous la direction de l’ingénieur Frans Decoene, le développement d’une moissonneuse-batteuse automotrice. Cette automotrice de type MZ fut présentée officiellement pour la première fois en mars 1952, lors du salon de l’agriculture de Paris, où elle connut un énorme succès. De nouvelles machines furent ensuite introduites très régulièrement, dont des presses à paille et des ensileuses mono rang. En 1963, suite à un litige avec la firme allemande Claas, le nom de Claeys fut modifié en Clayson et, à peine un an plus tard, la firme américaine Sperry obtenait une participation majoritaire dans l’entreprise, dont le nom fut changé en Sperry New Holland. L’entreprise fut de nouveau reprise en 1985, cette fois par la Ford Motor Company, qui la rebaptisa Ford New Holland. En 1990, Ford New Holland fut absorbée par Fiat Geotech et son nom fut changé en New Holland. La suite est connue. Comme point d’orgue (provisoire), l’entreprise a fusionné en 1999 avec Case IH, ce qui a donné naissance à un nouveau grand groupe, actif sous le sigle CNH dans le monde entier, notamment dans les domaines agricole et de génie civil.

Le tracteur agricole Claeys

Claeys a construit, à partir des années trente, différents types de moteurs diesel stationnaires. Juste après la guerre, lorsque le tracteur agricole fit aussi son entrée chez nous grâce au plan Marshall, Claeys s’efforça de récolter sa part du succès. Ce ne fut cependant assurément pas un succès. Le tracteur Claeys, dont on attendait pourtant beaucoup, ne fut construit qu’à 72 à 75 exemplaires. La production fut scindée en tracteurs à moteur bicylindre (NKT) et à moteur quatre cylindres (NKV), d’une puissance comprise entre 25 et 60 ch. Les tracteurs furent tous vendus en Belgique et principalement employés pour entraîner des batteuses ou tirer une moissonneuse-lieuse. C’étaient pour l’époque d’excellents tracteurs, équipés d’une prise de force, d’un pont avant suspendu, d’un frein à main et d’une double pédale de frein, d’un blocage des différentiels et d’une poulie. Les moteurs diesel à quatre temps étaient équipés d’une chambre à précombustion, d’un vilebrequin à cinq paliers, de chemises interchangeables et de la lubrification automatique. Les engrenages de la transmission étaient réalisés en acier au chrome nickel spécialement segmenté, trempé et poli. L’ oldtimer Claeys, un NKT, est la propriété de monsieur Van Renterghem. Le tracteur a servi pendant des années dans l’un des établissements Claeys à Lichtervelde, après quoi il a été vendu à l’entreprise de travaux agricoles Vansteelandt, qui fut en 1946 l’un des premiers acheteurs d’un tracteur Claeys TKV. Le NKT fut revendu au début de 1987. Il était en parfait état, parce qu’il avait été entièrement révisé par le premier propriétaire, qui avait notamment remplacé les chemises de cylindre et les vérins. Monsieur Van Renterghem s’est contenté de repeindre le tracteur dans sa couleur d’origine, de sorte que le Claeys rayonne véritablement la grande classe. Seuls deux exemplaires de ce modèle ont résisté aux outrages du temps.

Frans Vanbaelen


Spécifications techniques

Marque: Claeys
Type: NKT
Moteur: Claeys
Cylindrée: 2.600 cm3
Nombre de cylindres: 2
Alésage x course: 110 x 140 mm
Carburant: diesel
Transmission: Claeys
Rapports: 5 avant/1 arrière
Refroidissement: eau
Prise de force: 600 t./mn
Poids: 2.500 kg
Origine: Belgique