Le Berliet TR 350 Centaure : échec ou réussite ?

Bonjour à toutes et à tous !

« … mais qu’est-ce qu’il a ce camion, à emporter les foules, alors que de son côté, la voiture devient d’une tristesse insupportable ? » (l’Auto Journal 12/03/1979)


C'est un aperçu de l'accueil fait à la dernière innovation de Berliet : le TR 350 Centaure

C'est le résultat de l'idée germée dans  deux cerveaux. Celui de Pierre Augier, attaché au service Publicité de Berliet et  celui de Lucien MOGE, créateur, décorateur, styliste.
Les deux hommes avaient en commun, la passion des camion US et leurs « gueules » d'enfer. Pour eux, c'est ce qui manquait au camions Français et plus généralement Européens. Les camions étaient dessinés autour du concept d'outils qu'il représentaient. Un camion était fait pout porter ou tracter des charges.

Le Centaure élaboré autour de la cabine KB 2400 sortie en 1970, boulversait l'image du camion Européen en lui donnant les codes des cabines US.
C'est le premier à offrir 1,86 m sous le pavillon, un confort grand routier !





Et pourtant le succès n'a pas été au rendez-vous. Lorsque le Globetroter de Volvo est apparu, il a même endossé le titre de précurseur. Le Centaure a été dévoilé en 1978 et le Globettroter en 1983 (refonte de la cabine F de 1970). 5 ans de différence et un quasi oubli du premier.

Certains on dit que le Centaure est arrivé trop tôt. Le prestige des camions US commençait à faire son chemin, dans la presse spécialisée notament, qui trouvait là un moyen d'attirer des lecteurs. Mais  pas encore assez dans la mentalité des principaux concernés, les transporteurs routiers.

Il pourrait y avoir une autre explication. Elle n'est pas en faveur de Berliet.

Le V8 du Centaure est apparu sur le TR 300. Mais il est né avec un raté.

Le bilan presse ne fut pas élogieux pour le moteur :

« Et en guise de mise en bouche, une photo du stand Berliet du salon de Paris de 1970 où a été révélé le TR 300, tout d’or paré. Un effort de présentation sensationnel et sans précédant chez Berliet qui n’effacera malheureusement pas le souvenir d’un lancement commercial calamiteux dû au nouveau V8 qui n’était tout simplement pas prêt. Heureusement, la cabine du TR 300, séduisante et réussie, fera oublier les déboires d’une mécanique qui trouvera sa consécration deux ans plus tard grâce au 6 cylindres suralimenté « maxi-couple » du TR 280. »



Et dans les discussions (un pote routier) et les articles qui ont suivis, j'ai souvent retrouvé ces allusions a un moteur manquant de fiabilité. Le coup de grâce fut donné par le Magnum de Renault. Lorsqu'il fut question de l'équiper d'un moteur de grand rouleur, Renault avait le choix entre le V8 d'origine Berliet; certe vieillissant mais survitaminé à 420 Ch (il aurait été encore pofiné) et le V8 Mack de  500 Ch (proposé ensuite à 520 ou 560 Ch). Et dans le choix, il été mentionné que le V8 Berliet n'avait jamais pu gommer le manque de fiabilité de ses débuts. Pourtant le Berliet affichait 14 l de cylindrée et le Mack 16 l. Les bilans de consommation était en la faveur du premier.

Il ne faut pas bouder son plaisir ni constater, qu'une fois de plus, Berliet s'est retrouvé à la pointe du progrès technique. RVI a repris le concepte en proposant la cabine, qui ne s'appellait plus Centaure, sur son modèle le moins puissant : le R 310. A ce stade, l'idée qu'un chauffeur pouvait être plus efficace dans un véhicule confortable et  reposant, était acquise.




Quelques caractéristiques :
Moteur Berliet diesel 8 cyl en V, injection directe 135 x 130 –,  14,8 l. de cylindrée
– 356 ch. à 2 000 tr/mn. Suralimenté par turbo-compresseur sur échappement.
Boîte Fuller directement accouplée au moteur avec relais incorporé permettant 13 vitesses AV et 3 vitesses AR.
Pont AR Berliet à double réduction par couple hypoïde et réducteur dans les moyeux.
T.R. de 38 000 kg.



Dans les petits détailles, la cabine recevait un système de  douche.


(reportage pub dans Lui !!! )


La relève prouve bien l'impacte du tr 350 centaure :







Le fait de reprendre la déco du premier  Centaure prouve bien le souvenir qu'a laissé le grand frère même  chez RVI.


(Il s'agit, ici, sans doute de maquettes disponibles sur le marché)

N'oublions pas que Magnum a poursuivi dans la lancée. C'est, si je ne me trompe pas, le premier camion Européen à proposer une cabine à plancher plat. Les volumes mécanique et habitat était distincts et indépendants. La part faite au chauffeur devenait considérable car il disposait d'un espace de travail sans précédent.



Encore une fois et  comme pour le T 100, le premier camion faisant une part égale à la mécanique, au confort et à l'image était un Berliet et il était Français. (pas le Globetrotter même s'il est également très beau).




A bientôt !
Jean-Noël

Je l'ai en miniature

mais comme je n'ai pas de place, je ne l'ai pas déballé ...alors voisi les photos de mon ami Ardéchois Yves

Merci pour les ajouts.

C'est tout à fait ça : l'image d'un camion qui peut être à la fois beau, confortable et performant …

A bientôt !

Jean-Noël

Bonjour.
Et dire que j'avais loupé ce beau post.
Pour moi qui roule depuis octobre 1976 et qui suis toujours en activité et toujours en longues distances, je serai moins sévère que vous, à cette époque, toutes les marques avaient au moins un modèle qui manquait de fiabilité. ( à part peut être Mercedes). Le Centaure nous faisait rêver nous les jeunes chauffeurs mais comme écrit dans l'article il est arrivé trop tôt sur le marché. Il ne faut pas oublier qu'à cette époque,en longues distances, on tournait à plus de 3000 km(et il n'y avait pas toutes ces autoroutes et déviations de villes) par semaine, on ne dormait que 2 ou 3h par nuit et les patrons ne voyaient pas la nécessité d'avoir une grosse cabine luxueuse et beaucoup plus chère à l'achat pour ne pas en profiter.J'ai roulé avec beaucoup de marques mais les Berliet 'et les Saviem) m'ont laissé un excellent souvenir mème si le GR 305 injection indirecte et le R385 m'ont fait quelques misères.

Bonjour à toutes et à tous !

Pour le Centaure, je pense que tu as le dernier mot : trop tôt et trop innovant pour les transports routiers de l'époque.
En Corrèze j'ai passé toutes mon enfance au bord de la N120. Elle commence à Uzerche pour finir à Bozouls dans l'Aveyron.
Mon enfance a été bercée au son des Saviem JM 240 de Bernis ou de Ladoux, avec les Berliet de l'époque et les Unic. Le ZU ! je le reconnaitrais encore au bruit du moteur s'il venait chez moi.
Et tous les autres …

A bientôt !

Jean-Noël

Bonjour Confortables certes les camions Français  des années 60/70 mais pas au niveau mécanique des Scania Volvo -Magirus ..il me semble??
a + gg 4369

Bonjour à toutes et à tous !

C'est vrai que j'ai oublié d'en parler mais ils étaient plus rares dans la circulation.
J'aurai du mal à en parler. Mais pour ce qui est des carrosseries et des bruits moteurs ... Ils sont encore là !

A bientôt !

Jean-Noël