Ma passion : tout sur les mines de charbon et les mineurs (2ème partie)

Le bassin minier de la Loire a détenu 20 locos Berry 4735, tous construits en voie de 500. Livrés en plusieurs cadences sur une période allant du début des années 50 jusqu’en 1958, ils étaient sur le secteur de Montrambert-Béraudière.
Vers 1968, une partie de ces machines fut modifiée en voie de 600 pour se raccorder à la nouvelle concentration sur La Ricamarie, mais elles n’étaient pas toutes identiques, notamment au niveau des châssis et bacs de lavage. Les 2 locos de l’Herretang (38), aujourd’hui à Bon Repos (22), en sont un exemple.

Le châssis des 3 livrés en 1958 permettant d’aller jusqu’à la voie de 570, au moins un a reçu une modification simplifiée consistant à renforcer le pourtour des passages des boîtes d’essieu et à repositionner celles-ci pour que les roues accèdent à l’écartement 600 après remplacement des axes d’essieu et des palonniers et pendards de frein.
Ce fut le cas de celui de l’Herretang portant la plaque du parc Loire n°20 (non visible sur la photo), et ayant peut-être le n° de série 739 ou 742 de chez Berry (plaque disparue) mais ne comportant pas de chiffre romain gravé au dos de sa cabine.  

Tous les autres locos retrouvés en 600 avaient un châssis différent  à flancs totalement parallèles, à l’instar du second de l’Herretang qui porte le numéro de parc 33 et le chiffre romain XII gravé au dos de sa cabine, mais dont la plaque Berry a disparu lors du remplacement de son capot.
Ce sont ces machines qui subirent une transformation plus importante par découpe partielle de leurs jupes, et pose latérale de tôles d’acier de 2 cm d’épaisseur (reprenant chacune les 4 ouïes et les 2 passages de boîte d’essieu) avec interposition d’une entretoise de même épaisseur entre les parties conservées des anciennes jupes et les nouvelles, afin que ces dernières forment un autre châssis extérieur plus large de 8 cm que celui d’origine.

Cette opération a ainsi permis de conserver la majeure partie de l’existant, et de ne remplacer que les 2 barres d’essieu, les 2 palonniers et les 4 pendards porte-sabots, toutes les autres pièces étant récupérées ou remplacées à l’identique car toujours communes aux locos gardés en voie de 500.

J’ai pu contacter un ancien conducteur d’une telle machine sur St-Etienne, qui m’a assuré que cette modification avait été réalisée sur leurs propres locotracteurs aux ateliers des Basses-Villes.

Quant à l’idée d’avoir fait venir du Nord-PdC (à plus de 700 km) des engins déjà en voie de 600 pour les modifier profondément afin de les remettre... en voie de 600, c’est bien sans fondement. En effet, rien que la position du double pignon d’entraînement des chaînes du 3735 à châssis interne est incompatible avec le principe du châssis externe d’un 4735 passé ou non en 600. Les photos ci-dessous se suffisent à elles-mêmes pour le comprendre.
De même que la forme des bacs de lavage, l'orientation de l'échappement des gaz, les modifications et les divers ajouts n'ont rien à voir avec un éventuel utilisateur précédent. Le 4735 en voie de 500 du musée de Villars possède un conduit d'échappement arrière similaire à ceux des HBNPC et n'a pourtant jamais connu le Nord. Même chose pour celui du Flottard passé en voie de 600 mais possédant un châssis à flancs parallèles.


Berry 3735 originaire des Mines du Nord-PdC et  propriété du Musée de Noyant d’Allier.


Berry 4735 originaire de la Loire puis parti aux Mines de La Mure et préservé au Musée de la Motte d’Aveillans.

De plus, cette méthode de modification des jupes latérales fut aussi celle employée aux Houillères des Cévennes pour passer 4 locos 4755 de 50 ch de l’écartement de 490 à celui de 600.

Enfin, la seule coquille relative aux deux locos de l'Herrétang, c'est qu'ils ne sont jamais passés par les Mines de La Mure-Villaret mais ont été achetés directement aux HB Loire dans les années 70.

PO

Bonsoir,

Il fallait être bien outillé pour faire ces modifs; la découpe laser n'existait pas!
JJR24

Mais le chalumeau oxy-coupeur, si. En Provence aussi j'ai vu 2 locotracteurs Berry modifiés de façon nettement plus compliqué que ça.



Voilà pourquoi apparaissent en retrait les anciennes ouïes mais plus la première ouverture circulaire d'accès au double pignon de chaîne.

Ah mais mon bon monsieur, sur celui de la Motte c'est pas du tout comme ça!
Les jupes d'origine n'ont pas été découpée, juste au droit du pignon d'entrainement..... le pignon a du être lui aussi descendu: changement de moteur?

Bonjour,

C'est ce qu'on appelle un rebondissement!
JJR24

Quel rebondissement ?

Dans son état d'origine, les roues de ce locotracteur n'auraient jamais pu être mises à l'écartement de 600 mm. C'est pourquoi il a fallu découper partiellement les anciennes jupes afin de libérer le passage de ces roues et de repositionner les boîtes d'essieux, les glissières, les blocs de protection, les ressorts et leurs étriers de maintien. D'ailleurs, on voit très bien que l'emplacement des boulons de renfort a été limité par ces passages.



Quant à son moteur, c'est toujours le Piquand PT2 d'origine.dont :
A - traverse avant moteur 52796
B - carter de distribution 55686
C - porte de visite 53212
D - ventilateur 53334
E - pompe à eau complète 59230
F - tendeur de courroies complet 52824

Bonsoir,

Ben! Je ne suis pas spécialiste!
JJR24

Une semaine d'évasion en Provence après une douzaine de confinement, c'est peu mais c'est déjà ça de pris. Je remettrai cela à la fin de celle-ci pour aller voir mes copains du Nord/Pas-de-Calais.
Sur la photo ci-dessus, la bride circulaire d'aspect rouillé n'est pas d'origine, de même que la couronne dentée qui est derrière. Il s'agit du montage "maison" d'un démarreur électrique dont le corps sortait du capot. Toutefois, il aura fallu concevoir un volant fixé sur le nez du vilebrequin pour recevoir cette couronne mais aussi la poulie qui entraînait les 2 courroies de pompe à eau-ventilateur.
Le montage BERRY aurait vu la couronne sur le volant arrière du moteur et le démarreur sur l'autre bride circulaire qui apparaît dans le fond entre les lettres A et F.
Bien entendu, le sens de rotation restait inchangé...

à + / PO

A mi-chemin entre Provence et Nord/Pas-de-Calais, il y a l'Auvergne, et c'est grace à celle-ci que je pense avoir résolu une énigme qui me taraudait depuis longtemps mais que j'aurais dû découvrir presque aussitôt tant elle était évidente.
Dans la 1ère partie de ce sujet, il a été question des locos Berry 4538 R3 qui ont servi dans les mines d'uranium de la Cogema de l'Ouest (anciennement C.E.A.). A la fermeture de ces exploitations, ces machines ont été acquises successivement comme suit :
n° 880 : par l'Apemve près du Mans (72) - qui l'a rétrocédée à un collectionneur près d'Issoire (63).
n° 882 : par l'Apemve près du Mans (72) - qui l'aurait toujours sur son parc.
n° 883 : par le Musée de la Mine de Noyant-d'Allier (03) - restaurée et remise en service mais immobilisée depuis quelques années.
n° 884 : par l'Apemve près du Mans (72) - qui l'aurait confiée à ce collectionneur près d'Issoire (63) en attendant un autre transfert.
n° 943 : par l'Apemve près du Mans (72) - qui l'a rétrocédée à un collectionneur dans le Bordelais (33).
n°   ?   : par un particulier qui l'avait entreposée au train du Lac de Rillé (37) pour rénovation - mais y est-elle encore ?

Si le loco n° 943 faisait partie d'une seconde fabrication, j'ai toujours pensé que la première production en comptait 6, d'où mes recherches sur les n° 881 et 879 ou 885.
Grosse erreur de ma part car la liste des livraisons au 1er mars 1970 précise 6 locotracteurs 4538 R3 pour le C.E.A. de l'époque. De plus, le n° 943 a bien été construit avant cette date et figure donc parmi les 6, aucun autre de ce type n'ayant été produit ultérieurement.
Ainsi, l'inconnu du Lac du Rillé pourrait être le 881 (chaînon manquant) ou le 942, mais je pencherais fortement pour le premier.

Merci à Florian Vernède (rappelez-vous, l'homme du loco Deutz MAH 914 G et du moteur Brandtord...) qui m'a dirigé tout droit vers un trésor constitué de 2 Berry, de 4 Decauville et d'un 7ème à identifier, dont le possesseur m'a dit que Florian était un mécano hors pair !

à + / PO

Bonsoir
L'enquête progresse !
bravo Pierre !

Merci JP, mais elle n'est pas terminée car ledit collectionneur m'a proposé de venir voir tout son matériel, ce que j'espère pouvoir faire ce mois-ci ou le suivant. J'en profiterai pour aller voir Florian et quelques autres qui souhaitent aussi mon passage.

PS : J'ai pour toi une superbe revue sur les mines des Cévennes dont je pense qu'elle t'intéressera au plus haut point. Je te l'enverrai dans une dizaine de jours car je pars vers le Nord dans 3 minutes.

à + / PO

Bonjour,

J'imagine la joie de voir ce trésor! Après tout ces temps de recherches!  
JJR24

Bonjour Pierre et tous:

Lien de télechargement des planches du Art des Mines, de l' Encyclopédie de Diderot et d' Alembert:

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9982t/f1.image

J' aime aussi les mines et surtout ses CF.

Amitiés:

David.

Bon après-midi à nouveau:

Demandez à Jacques Daffis du CF du Tarn qui a acheté la locomotive diesel-hydraulique Schöema des mines de Figols (Barcelone) pour le CT du Tarn.

À + David.

Lien de recherche sur le théme "Mines" dans la Bibliothéque National Française -Gallica-.

Il y en a 254 docs à télécharger:

https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&query=%28gallica%20all%20%22Mines%22%29&lang=en&suggest=0

Cordialement.

David.

Salut tizautes !

Magnifique euch'Nord ! Eune semaine intière sous l'flotte alors que j'avaus qu'des qu'miches à minches courtes dins m'valise ! Euch'vous dis pas eul'bon timps qu'j'ai passé là-haut...
Alors, si un ch'timi s'amène ichi, ch'est pas du tout eul'momint d'm'énerver !

Pour sérieusement, voici un résumé de l'extraction minière qui devrait plaire aux intéressés, et je pense en particulier à JP et JJR.

http://excerpts.numilog.com/books/9782950250360.pdf

Bonne lecture et à +
PO

David Montón a écrit:Bon après-midi à nouveau:

Demandez à Jacques Daffis du CF du Tarn qui a acheté la locomotive diesel-hydraulique Schöema des mines de Figols (Barcelone) pour le CT du Tarn.

À + David.

Salut David,

Tu omets de dire qu'elle a été modifiée au point que son constructeur ne la reconnaîtrait plus, mais il faut avouer qu'elle a maintenant une belle allure.


Schöma d'origine CFL60DCL n°4199 de 1978 v.500 ex-Mine de Figols - arrivée au CFTT


Schöma modifiée CFL60DCL n°4199 de 1978 v.500 ex-Mine de Figols - sous n° 17 au CFTT

PO

bonsoir
Ah oui bien modifié !!!

Merci Pierre pour la lecture sur les "Chevals allemands"

Salut JP,

Toi aussi tu crois que mineur était le métier de... des boches ?        

Bonjour,

Merci Pierre pour cette  doc bien instructive!
Ou je découvre le terme de: "...Le tambour bicylindroconique...
JJR24

Salut JJR,
.
Deux exemples ci-dessous, dont le second permettait de descendre à plus de 1000 m au début des années 1900.





C'était ça le savoir-faire français. Aujourd'hui, il faudrait l'importer d'Inde ou de Chine...

PO

Dans ce long fil tranquille, il a été question de locotracteurs à accumulateurs miniers ou non, dont des Fenwick.
Trois Fenwick des Mines du Nord-PdC ont été présentés, dont deux à la fosse Delloye de Lewarde (59) et un à celle Lemay de Pecquencourt (59).
En voici un autre toujours à la fosse 9 de Oignies (59) où lui aussi est en voie de 600, préservé au clichage* de ce site.

* En surface, service de montée-descente du matériel mais qui ne réceptionnait jamais le charbon extrait.


Dans la cabine, mon ami Gérard, ancien mineur de haut rang dont la passion est restée intacte.

à + / PO

S'ils n'ont pas connu le coronavirus, eux ont été exposés à autre chose de tout aussi mortel mais de beaucoup plus lent...


Lui rampait dans une veine haute d'à peine 50 cm de moyenne, ce qui parfois lui laissait 40 cm pour y travailler.


D'autres pouvaient travailler presque debout, mais le risque d'y perdre leurs poumons était toujours permanent.

PO

Bonjour,

Je suis effaré par ces conditions de travail! Et surpris que les techniques bien développées "en haut", n'aient pas leur pendant en bas!?...
JJR24

JJR24 a écrit:Bonjour,

Je suis effaré par ces conditions de travail! ....
JJR24

Tout comme JJR, j'ai du mal à imaginer qu'après guerre on pouvait encore travailler dans de telles conditions.....
la chaleur, la poussière, l'humidité, le manque d'air et d'espace.... Nombre d'entre nous tomberaient comme des mouches dans ces conditions dantesques !

a+
JP